Source : Théorie et pratique / Photo Presse
Source : Theory and Practise / Press Photo
Le projet Théorie & pratique (Teoriia i praktika) rend la ville plus intelligente : sur le site, sont affichés les évènements à caractère pédagogique que la jeune équipe organise en partie elle-même. Depuis son lancement, le projet a beaucoup évolué. Le nombre de villes-participantes a augmenté, de nombreux cours sur de nouveaux sujets ont fleuri, le coin vidéo du site s’est développé, et pour les conférences, des spécialistes étrangers se déplacent désormais pour partager leur savoir. La catégorie la plus populaire ? La science, et c’est grâce à elle que le projet s’est mis à passionner les radios et télés.
Racontez-nous comment est née l’idée de créer une catégorie « Jeunes chercheurs » ?
En réalité, le premier cycle scientifique a débuté il y a deux ans et demi, six mois après le lancement de Théorie & pratique. Nous avons regardé ce que la ville proposait, et nous nous sommes rendus compte qu’il y avait énormément de conférences sur le design, la photo, l’architecture, l’art, le business, mais que la science était totalement absente. Alors nous avons décidé de combler ce vide et de lancer un cycle de conférences scientifiques. « Le cerveau et le comportement » fût le thème et la ligne directrice de ce premier cycle, qui a été l’un de nos plus gros projets offline, mené par Maria Shoutova, généticienne et étudiante en thèse à l’Académie des sciences de Russie (RAN) et Evgueni Panov, académicien de l’Académie des sciences naturelles de Russie. De nombreux éminents chercheurs russes ont, par la suite, pris part à ce cycle : Konstantin Anokhin (Membre correspondant de l’Académie des sciences de Russie et de l’Académie de médecine de Russie), Tatiana Tchernikova (Docteur en biologie et philologie), Vladimir Kovalzon (Docteur en biologie), et beaucoup d’autres. En tout, nous avons organisé huit conférences et nous avons constaté que cela a largement contribué à développer les conférences scientifiques dans la ville. Aujourd’hui, on peut assister à des conférences au Musée Polytechnique, à la fondation privée Dynasty, à la rédaction du magazine Nature du RAN, etc.
En automne dernier, soit deux ans après la création de T&P, nous sommes revenus sur cette idée de cycle scientifique, que nous avons décidé de mener avec de jeunes chercheurs. Des conférences ont été dédiées à différents domaines de la science : la génétique, l’immunologie, la chimie, la physique, la linguistique. Tout est parti d’une série d’articles. Nos auteurs et photographes sont allés à la rencontre de jeunes chercheurs, dans leurs laboratoires, les ont interrogés sur leurs travaux, les ont photographiés sur leur lieu de travail, avec leurs instruments et matériaux quotidiens. Bref, de la cuisine scientifique pour le lecteur !
Et lorsque les articles ont été publiés sur le site T&P, nous avons pensé qu’il était intéressant d’aller plus loin, de collaborer avec ces jeunes spécialistes afin qu’ils puissent, lors de conférences, raconter la science, la vulgariser et parler de leurs travaux.
Comment avez-vous rencontré ces spécialistes?
Il se trouve que chacun des membres de l’équipe de T&P a un ami chercheur. Et chaque chercheur a son cercle de connaissances. Au final, la liste s’est avérée plutôt impressionnante. Pour les conférences, nous avons sélectionné huit personnes. L’important n’était pas seulement qu’ils soient de jeunes chercheurs, mais qu’ils puissent parler de leur expérience, et qu’ils soient accessibles au grand public. Il nous est arrivé de travailler et répéter les discours plusieurs fois avec certains d’entre eux.
Actuellement, nous sommes à la moitié d’un cycle, avec cinq conférences déjà données. Dans ce cycle, nous organisons des séminaires plutôt que des conférences. C’est-à-dire un format universitaire classique, avec des interventions plus courtes, et plus de temps pour les questions-réponses. Pour cela, nous postons les ouvrages relatifs au thème abordé deux semaines à l’avance : des articles, des fichiers audio ou vidéo, qui nous ont été envoyés par les intervenants et que nous sélectionnons nous-mêmes.
Qui compose votre public?
Des gens très différents. Le public de T&P, ce sont des jeunes professionnels qui sortent de l’université et souhaitent élargir leurs connaissances, des étudiants, ou même des écoliers. Souvent, les jeunes chercheurs viennent écouter leurs collègues, des gens qui travaillent ensemble en laboratoire ou dans une compagnie.
Où peut-on écouter ces conférences?
Nous avons décidé de tenir ces séminaires dans un lieu neutre : ni chez soi, ni au bureau, afin que ce lieu reste un endroit propice à l’étude, avec Internet et ordinateurs portables. L’un de nos projets est justement dédié à ces lieux neutres : www.placeplaceplace.ru. Il peut s’agir d’une bibliothèque ou d’un café, d’un openspace ou d’un loft. Pour nos séminaires, nous avons choisi la bibliothèque, car nous pensons que c’est aussi l’occasion de montrer combien les bibliothèques sont loin d’être le simple lieu de conservation des livres, mais que c’est un espace urbain utile et adapté au travail, aux études et à la discussion.
Comment cela se passe en termes de rémunération ? Les jeunes chercheurs arrivent-ils à vivre de leurs travaux ?
Je ne suis pas au fait de ces questions-là. Je sais seulement que ces jeunes ne travaillent pas uniquement en laboratoire. Certains donnent des cours, d’autres travaillent comme consultants pour des entreprise en relation avec les sciences, d’autres encore, travaillent pour le moteur de recherche russe Yandex, etc.
Quel est le but de votre projet ?
Le but de ce projet est de remplir un certain vide de l’information autour d’un thème. À un certain moment, on oublie ce qu’est la science. Surtout lorsque peu de gens écrivent sur la science et que les conférences disparaissent, malgré l’intérêt qui émane du public. Et la situation a changé. La science est à nouveau au centre de l’attention, et le grand public au rendez-vous. Notre but était de redonner le goût de la science tant aux organisateurs qu’au grand public. Et je crois que nous y sommes arrivés. En tout cas, depuis que nous avons publié ces ouvrages et lancé ce cycle de conférences, nous recevons des appels des radios, de la presse, des organisations qui organisent des concours et proposent des bourses aux jeunes scientifiques.
Par ailleurs, je pense que cela a changé la perception du monde des jeunes scientifiques. Car ce sont des jeunes modernes, biens dans leur peau et avec leur époque, et qui ont un tas de passions : certains sont DJ et écrivent pour des journaux événementiels de Moscou comme Bolchoï Gorod ou Afisha.
En organisant ces conférences, nous avons aussi beaucoup appris : par exemple, que ces jeunes sont totalement intégrés au milieu scientifique mondial. Ils publient leurs études dans des revues étrangères, participent à des conférences internationales, et à Moscou, se trouve l’école internationale de recherche sur la somnologie, de Vladimir Kovalzon et Liza Rutskovoï, deux jeunes neurophysiologiques.
Qu’a apporté votre projet aux jeunes scientifiques ?
Tout d’abord, pour eux, il est très important de donner des conférences publiques. Je pense que c’est pour eux important et intéressant de s’essayer à vulgariser leurs pensées, raconter de façon simple et divertissante ce sur quoi ils travaillent.
Mais voici ce qu’ils disent :
Maria Khatchaturian, africaniste : « Le format de ces événements est excellent : ils n’ont pas lieu en marge des institutions scientifiques, mais dans des lieux centraux. L’équipe qui s’occupe de ce projet est particulièrement active. L’idée est excellente, conçue avec des supports qui permettent aux auditeurs de se préparer. Je suis ravie de voir que les gens viennent aux séminaires, reçoivent un vrai enseignement, et non quelque chose de superficiel, seulement bon à tenir la conversation : les conférences de T&P se risquent sur la scène des événements de la vie culturelle moscovite à ne pas manquer, aux côtés du cinéma et des bars. »
Ilya Tolstikhin, mathématicien : « Personnellement, je suis ravi de ma collaboration avec T&P, des interventions préparées et du contact avec les auditeurs. C’est important de montrer qu’en Russie, la science continue à bouillir. Et c’est encore plus important qu’elle intéresse. »
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