Prudence 
en Syrie

Image par Niyaz Karim

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La Russie et la Chine ne soutiendront jamais une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU visant à permettre une intervention militaire extérieure en Syrie. En réponse aux projets de plusieurs pays désireux d'utiliser les forces internationales pour renverser le Président syrien Bachar el-Assad, un haut représentant du ministère des Affaires étrangères russes s'est exprimé ainsi : « Nous ne les soutiendrons jamais s'ils veulent bombarder la Syrie et nous n'accorderons pas de légitimité à de tels projets au sein du Conseil de sécurité de l'ONU » . L'opinion publique en Occident se dit surprise et scandalisée par le refus de Moscou et de Pékin d'arrêter les assassinats de civils syriens et par l'opposition de la Russie à l'adoption d'une résolution condamnant les crimes militaires du régime du Président Assad.

Mais avant de stigmatiser Moscou, il faut s'interroger sur qui dans les villes insurgées, défie l'armée syrienne. En parlant de la population locale qui aurait soit-disant pris les armes, l'opposition ne fait qu'entretenir un mythe. Il y a peu de temps, la Secrétaire d' É tat américaine Hillary Clinton a publiquement exprimé devant le Congrès des doutes sur la nécessité d'approvisionner en armes américaines les insurgés syriens, évoquant l'existence parmi eux de groupuscules proches d'Al-Qaïda. Les arguments visant à accuser l'armée syrienne de tirer sur des civils non-armés sont, pour ne pas dire plus, incertains. Il faut aussi s'interroger sur le but de la future résolution du Conseil de sécurité de l'ONU relative à la Syrie. Comme l'indiquent à juste titre les dirigeants occidentaux, cet objectif est d'arrêter la tuerie. La Russie soutient tout à fait cette approche. Pourtant, elle considère qu'il n'est pas opportun d'inclure dans la résolution des questions sur l'origine de cette violence en Syrie. En effet, les discussions qu'elles provoqueront n'empêcheront pas le sang de couler. Au cours des derniers mois, les villes contrôlées par Assad ont subi une série d'actes terroristes perpétrés par des kamikazes, ce qui est la signature d'Al Quaïda et des Talibans afghans. Ces explosions ont provoqué des dizaines des morts parmi les civils. Dans la future résolution du Conseil de sécurité de l'ONU, la Russie propose de condamner la violence et d'appeler les deux parties du conflit, les autorités officielles de Damas comme l'opposition, à cesser le feu.


Moscou et Pékin se prononcent pour que la résolution relative à la Syrie décrive jusque dans les moindres détails les sanctions qu'il serait possible de voir appliquer par la communauté internationale aux parties en cas de non-respect des clauses négociées.


Cela interdirait tout jeu malhonnête. Cela éviterait que des mesures non abordées par le Conseil de sécurité se cachent derrière la résolution adoptée. Car selon la Russie, c'est bien ce qui s'est passé en Libye quand l'alliance nord-atlantique s'est proposée d'assurer une zone d'exclusion aérienne et s'est en réalité mise à bombarder massivement le pays. Et il n'y a d'ailleurs toujours pas d'enquête sur les victimes civiles de ces bombardements.


Lors de la visite du ministre des Affaires étrangères russe au quartier général de la Ligue des États arabes en Egypte, cinq points fondamentaux ont été évoqués. Ces clauses pourraient constituer les bases de la future résolution. Les voici : l'arrêt de la violence par chacune des parties, un mécanisme impartial de monitoring, aucune ingérence militaire, le libre accès de tous les Syriens à l'aide humanitaire et un soutien ferme à la mission du représentant spécial de l'ONU et de la Ligue arabe, Kofi Annan. Moscou affirme que ces points, bien que de nature générale, peuvent constituer une plate-forme pour l'élaboration d'une « feuille de route » concrète permettant de régulariser la situation intérieure en Syrie.


La Russie appelle Damas à procéder au plus vite aux réformes qui permettraient de connaître l'avis du peuple sur la gouvernance du pays et espère que l'opposition syrienne jouera un rôle actif dans leur mise en oeuvre.

Evgueni Chestakov est Rédacteur en chef du Service international de Rossiyskaya Gazeta.

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