Le président Loukachenko est de plus en plus isolé en Europe. Crédits : Reuters/Vostock Photo
L'Union européenne a renforcé ses sanctions contre la Bélorussie, provoquant l’inquiétude non seulement à Minsk mais également à Moscou, car les deux économies sont liées. Vendredi 23 mars le Parlement européen a renforcé ses sanctions à l'encontre du régime bélorusse, ajoutant 12 individus et 29 sociétés à la liste des personnes et entités privées de visas.
Le 23 mars, l’UE a élargi la liste des citoyens et entreprises biélorusses dont l’accès à l’Union européenne est interdit et dont les avoirs sur son territoire doivent être gelés. 243 personnes et 32 organisations et entreprises figurent désormais sur la liste noire. La figure la plus marquante des nouveaux membres de la liste est l’homme d’affaire Iouri Tchij, connu comme étant le financier du président Alexandre Loukachenko. Les principales exigences européennes envers le régime de Loukachenko sont la libération des prisonniers politiques, la cessation de la répression politique et de la persécution des médias indépendants et militants de la société civile.
« Nous avons fait clairement comprendre au régime biélorusse qu’il doit libérer les prisonniers politiques. Notre coopération avec les autorités reprendra si celles-ci se plient à ce que nous leur avons demandé » , a commenté la Haute Représentante de l’Union pour les affaires étrangères Catherine Ashton à propos du durcissement des sanctions.
Les experts divergent quant à l’efficacité des mesures prises.
« Il n’y a que les sanctions économiques qui nuiront à Loukachenko, le forçant à libérer les prisonniers politiques »
, a déclaré l’ancien président du Soviet suprême de Biélorussie
Stanislav Chouchkevitch dans un entretien à EU Observer. Un certain
nombre de leaders de l’opposition biélorusse ont proposé d’aller plus
loin en introduisant un blocus économique complet de Minsk, y compris
une interdiction sur les livraisons de biens biélorusses vers l’Europe.
À
Moscou, les méthodes européennes laissent sceptique. Selon le
représentant permanent de la Russie auprès de l’Union européenne
Vladimir Tchijov,
« le degré de l’efficacité des sanctions économiques est très contesté »
. En réalité, les mesures prises par l’UE suscitent l’inquiétude des autorités russes.
« L’économie du Bélarus est intégrée de plus en plus étroitement à la
Russie, de sorte que ces mesures peuvent affecter les intérêts de la
Russie »
, explique Tchijov.
Les experts ne s'attendent pas à une intervention décisive de Moscou dans le dossier.
« Loukachenko a plusieurs fois déjà essayé de capitaliser sur les
conflits d'intérêts entre l'UE et la Russie, mais il semble que cette
fois, ni Bruxelles, ni Moscou ne veulent jouer ce jeu »
, selon l'analyse du politologue Kirill Koktych. Le président élu
Vladimir Poutine semble vouloir rester à l'écart de la dispute. Le 29
février, il a qualifié le conflit entre Minsk et Bruxelles comme étant
bilatéral et ne présentant pas de menace pour l'intégration du Bélarus
et de la Russie.
Les efforts de Moscou pour régner sur l'espace postsoviétique provoquent
l'intérêt du monde des affaires russe pour les actifs biélorusses, ce
qui effraie Minsk. Selon le politologue biélorusse Alexandre Klaskouski,
Loukachenko pourrait faire des concessions à l’Europe et commencer un
« jeu de libéralisation » pour réduire sa dépendance envers Moscou.
Les experts ne s’attendent pas à ce que cela se produise dans un avenir
proche. La résolution du Parlement européen sur la situation en
Biélorussie a de nouveau exacerbé au maximum les divergences entre
partisans et adversaires de Loukachenko, réduisant fortement les
possibilités d’un dialogue constructif.
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