Crédits photo : Mikhaïl Mordassov
Crédits photos : Mikhaïl Mordassov
Krapivine, robuste centenaire aux cheveux blancs comme neige, a réussi son défi, accompagné par deux nageurs professionnels, sous les applaudissements. Ces derniers ont nagé aux côtés du champion afin sécuriser sa performance, et les médecins «premier secours» étaient présents, prêts à intervenir en cas de problème. Vassili a nagé la plus grande partie de la course en crawl, avant de se laisser flotter sur le dos, en se tenant aux lignes, sur les derniers mètres. L'athlète a terminé difficilement, et s’est longuement reposé dans l’eau, avant de ressortir.
Résurrection
Après sa course miraculeuse, Krapivine a reçu les félicitations de tous et a souhaité une bonne santé à toutes les personnes venues le soutenir, en leur serrant la main, comme le veut la tradition russe. Plusieurs personnes ont grimacé, les doigts de Krapivine semblent être en acier. La force du nageur proviendrait de son grand-père, ancien boxeur. Depuis son enfance, Vassili a toujours beaucoup travaillé, et selon ses propres mots, toute sa vie fut heureuse.
Spécialement pour Vassili, né en 1912, le réglement du championnat s’est vu ajouter la catégorie « cent ans et plus ». Photo de Mikhaïl Mordassov.
À 18 ans Krapivine commença à travailler dans les mines de charbon près de Toula, et miraculeusement survécu après que la mine se soit écroulée. En 1937, il reçoit le diplôme de l’Institut Polytechnique de Tomsk, mais est envoyé dans un camp de dissidents anti-soviétiques, où il restera plus de douze ans. La raison pour laquelle il fut condamné, il ne la connue jamais, la peine tomba sans proccès. Il devient mineur dans les mines d'or et de minerai d'étain de Kolyma. À force de travail et d’espoir, il survécu aux conditions difficiles de cette région hostile. « Là-bas, c’est douze mois d'hiver, le reste c’est l’été », rit le nageur centenaire, en parlant de cette période.
Après sa libération, Krapivine va à Magadan, où il est embauché dans un chantier naval. C’est ici qu’il se prend de passion pour la natation, alors qu’il devient entraîneur de l'équipe de l'usine. Patinage, ski, course, saut en hauteur, lancer de javelot, de disque et de grenades... Il se met à pratiquer tous ces sports en amateur, pour le plaisir. Il nage également régulièrement, au plus grand étonnement des habitants de la ville, dans la mer d'Okhotsk, laquelle, pendant les périodes de l’année les plus chaudes, ne dépasse pas dix degrés.
Dans les années 1960, Vassili Ivanovitch déménage à Sotchi, se marie et commence à nager quotidiennement. Il conquiert les mers orageuses, et affirme comprendre la nature des vagues, les sentir. Jusqu'à quatre-vingt dix ans il continuera à s’exercer et participe à diverses compétitions. La centaine dépassée, il se désole aujourd’hui, de ne pouvoir être aussi actif qu’auparavant. Il confie que sa longévité n'est pas un secret: il suffit de se lever chaque jour à six heures du matin, courir à la mer, nager, et revenir en courant.
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