En prison pour crime de lèse-majesté ?

Crédits photo : Photoxpress

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Le 21 février dernier, des jeunes femmes cagoulées du groupe de punk-rock dissident « Pussy Riot » ont fait irruption dans la cathédrale centrale de Moscou et ont chanté à tue-tête « Marie, mère de Dieu, chasse Poutine ». Deux d’entre elles, mères de jeunes enfants, ont été arrêtées par la suite et emprisonnées. Depuis, le débat ne tarit pas, dans tous les médias, sur l’attitude que devraient adopter l’Église, les croyants, l’État.

L’église sur la sellette


Olga Allenova

Ogoniok

La haine des orthodoxes qui accusent Pussy Riot provoquera un rejet de l’orthodoxie par une partie de la société. On entend déjà partout qu’une religion qui permet d’incarcérer pour sept ans les mères de jeunes enfants est une mauvaise religion. Les hiérarques devraient montrer l’exemple de la dévotion chrétienne et pardonner les filles. Dieu les punira si elles le méritent. La société risque de se mettre en colère contre l’Église, qui sera la première à pâtir de cette histoire. Une Église forte, reposant sur le peuple et non sur les hiérarques, représente un concurrent dangereux pour le pouvoir, qui tire en fin de compte profit de ce discrédit.

 


Trop près du pouvoir


Éditorial

gazeta.ru

Si le patriarche Kirill parle de l’arrivée de Poutine au pouvoir comme d’un « miracle divin », alors l’action anti-Poutine du groupe dans la principale cathédrale du pays ne peut être perçue que comme une insulte par l’Église et l’État. Les pouvoirs civils et religieux transforment des jeunes impertinentes en victimes sacrificielles du régime. Si elles n’avaient pas été mises en détention avant le procès, il ne serait resté de la « prière punk » qu’une vidéo sur Youtube. Aucun croyant n’a vu sa foi faiblir après avoir regardé cette « prière punk ». En revanche, tous voient dans l’arrestation et dans la poursuite pénale une cruauté injustifiée de l’Église et de l’État.

 

Qu’elles se repentent !


Dmitri Stechine

Komsomolskaya pravda

Il faut laisser sortir les punkettes d’une prison qui ne les rééduquera pas. La société peut répondre autrement. Il y a assez de croyants chez nous, et les musulmans se joindront sans doute aux orthodoxes outragés. Quand on refusera aux punkettes de louer un appartement, d’acheter du pain ou un billet de train, quelque chose changera peut-être chez elles. Elles comprendront qu’elles ont offensé un grand nombre de gens. Elles se sentiront mal à l’aise, avec une seule solution : le repentir public. Sur l’échafaud de la Place Rouge, là où elles ont accompli leur action précédente. Et je serai le premier à leur pardonner. Mais qu’elles se repentent !

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