Étudier en Russie : le bon choix

Crédits photo : Roman Lepikhine

Crédits photo : Roman Lepikhine

La qualité de l’enseignement universitaire russe a de quoi séduire les étudiants français mais les place devant un choix : double diplôme ou diplôme russe ? À Moscou ou en région ?

Cela peut ressembler au parcours du combattant : lourdeurs administratives, non-reconnaissance des diplômes français en Russie, barrière de la langue. Un séjour d’études en Russie ne s’improvise pas. Mais à peser le pour et le contre, ces obstacles, pour les Français non russophones, sont largement compensés par la valeur ajoutée qu’apporte un diplôme russe. La qualité de l’enseignement supérieur dispensé en Russie reste excellente, comme le sont les débouchés professionnels d’un pays qui continue à connaître une croissance solide par rapport à l’Europe.

Le double diplôme n’est certes pas la seule solution, mais il a bien des avantages et la faveur des établissements français. « 37% des accords de double diplôme passés entre des établissements russes et des homologues européens sont d’ailleurs passés avec des établissements français », remarque Nicholas Masek, attaché de coopération universitaire à l’ambassade de France en Russie. Un pourcentage qui correspond à une centaine de programmes franco-russes. C’est la meilleure façon, estime-t-il, de mettre un pied en Fédération. L’appartenance à une université française partenaire dispense en effet de mésaventures administratives et ménage quelques privilèges en matière de bourses et d’hébergement. Elle facilite notamment l’obtention d’un visa étudiant.

5 universités à doubles diplômes


MGIMO.Une des universités russes les plus prestigieuses, l’Institut des relations Internationales (MGIMO) propose un programme de doubles diplômes avec Science Po Paris : Double Master en affaires internationales.
www.mgimo.ru

MGU.On peut obtenir un double diplôme en littérature française/littérature comparée à l’Université Lomonossov de Moscou, grâce à sa coopération avec Paris Ouest-Nanterre-La Défense (ex Paris X).
www.msu.ru


FINEC.La maîtrise en finances coexiste avec le programme de l’Université d’ État d’ Économie et de Finances de Saint-Pétersbourg et l’Université Paris Dauphine.
www.finec.ru

NSU.L’Université d’État de Novossibirsk offre un double diplôme d’ingénieur en coopération avec l’École Polytechnique de Paris.
www.nsu.ru

L’Université d’État Lobatchevski de Nijni-Novgorodpropose, en coopération avec l’Université Pierre Mendès-France Grenoble II, un programme de maîtrise (Master 1) en droit international et européen.
www.unn.ru

L’enseignement du russe en France est en recul

 

« Aujourd’hui, on supprime des postes d’enseignant de russe en France », regrette-t-on à l’ambassade française à Moscou. « Et la Russie n’a pas non plus une politique très active en matière d’enseignement du russe à l’étranger » . Ce qui fait se poser le problème de la langue. Un non-russophone peut-il raisonnablement prétendre à des études en Russie ? « Le niveau de russe habituellement exigé par les universités d’accueil est un niveau B1 (moyen) », précise Nicholas Masek. Ceux qui ne l’atteignent pas ont toujours la possibilité d’effectuer un stage linguistique – payant – avant le séjour ou de prétendre à l’un des quelques diplômes russes pour lesquels les cours sont dispensés en anglais. Reste que les professeurs russes anglophones sont encore rares.

Consultez le réseau social consacré aux étudiants français en Russie :www.unifr.org

« C’est un frein important à la mobilité étudiante », reconnaît l’attaché de coopération universitaire de l’ambassade. Sans compter qu’il est compliqué pour un Français de faire reconnaître en Russie son diplôme de licence pour intégrer un programme de maîtrise russe. Des pourparlers sont en cours pour créer de vraies passerelles d’ici à un an. Quentin, lui, a tenté l’aventure tout seul. Inscrit en maîtrise de sciences politiques au MGIMO (Institut d’ État des relations internationales de Moscou), spécialité Politiques et Économies eurasiennes, il ne parlait que quelques mots de russe en arrivant. Il a donc opté pour un cursus où l’anglais est la langue d’enseignement. « Le MGIMO a adopté le système européen concernant les diplômes, précise-t-il, donc le diplôme sera reconnu en Europe et le système de notation est le même ».

Management et gestion en très bonne place


Parmi les disciplines qu’il fait bon étudier en Russie, le management et la gestion sont en excellente place. C’est dans ces filières, le plus souvent, que les cours sont disponibles en anglais. « Dans ces domaines, la France a une forte expertise ; du coup les Russes sont très demandeurs ». Ainsi, le double diplôme MBA entre HEC et 
l’École de management de Saint-Pétersbourg est très bien classé, que ce soit en Russie ou à l’international. De là à effectuer son doctorat dans une université russe, la chose n’est pas aisée. En admettant que le diplôme de maîtrise français soit re­connu en Russie, se pose le ­problème de la validation de la thèse : même pour une thèse en cotutelle, les professeurs français sont pour l’instant exclus par les jurys russes.

Plusieurs établissements russes entretiennent une tradition d’accueil des Français. C’est le cas de l’université d’État de Tioumen en Sibérie (voir notre encadré), de l’université de l’Amitié des peuples de Moscou, de MGU ou encore de l’université d’État de Saint-Pétersbourg.

« Le principal avantage pour un étudiant français qui vient étudier en Russie est la crédibilité qu’il acquiert au regard des entreprises françaises ou internationales implantées en Russie , commente Nicholas Masek. Même si les programmes suivis sont en anglais, on suppose que l’étudiant parle russe. Parallèlement à leurs cours, les étudiants sont souvent amenés à effectuer un stage en entreprise (voir notre encadré) . C’est un premier contact qui permet parfois d’être recruté par la suite ». Tant que le stage n’est pas rémunéré, le visa étudiant suffit. Les choses se compliquent dans le cas contraire : un contrat de travail nécessite en effet un visa de travail. Au palmarès des formations qui laissent présager une embauche en Fédération de Russie, on retiendra le management, l’ingénierie et le droit, même s’il existe encore très peu de doubles diplômes dans cette matière.

Micro-Trottoir :

Ce qui les a incités à venir en Russie

 

« J’ai choisi la Russie comme destination d’année à l’étranger, obligatoire à Sciences Po Paris, pour découvrir la culture et apprendre la langue. On s’y attache très vite. J’avais certains a priori qui se sont confirmés ou au contraire qui se sont révélés être faux. Il me paraît tout à fait nécessaire de vivre en Russie pour comprendre le pays. Je passe ma troisième année au MGIMO, où j’étudie le russe et les relations internationales. J’aimerais venir travailler en Russie pour une courte durée puis dans d’autres pays de la région du Caucase. »
Hermine de la Boutresse

« Mes études slaves m’ont ouvert la possibilité de choisir une université en Russie ou en Pologne pour un séjour d’échange. La Russie m’intéressait davantage. Je viens de l’Université catholique de Louvain, en Belgique, et en dehors de mes études slaves, je suis des cours de politique, de russe, de polonais et de rédaction journalistique russe. Je suis ici pour un semestre. Je pense que mon échange sera utile pour ma carrière. Pour l’instant, c’est surtout une expérience intéressante, mais qui finira par me servir d’une façon ou d’une autre. »
Bert Deleersnijder

« La Russie est pour moi un pays très à part, qui n’attire que peu de monde en Europe. Je suis venu de Sciences Po Paris faire un échange au MGU, où j’étudie le russe, la géopolitique, l’histoire de la philosophie. Je suis déjà ici depuis six mois, et je trouve que le peuple russe est fort, car la vie ici est parfois une vraie lutte. Les moments partagés sont en général très intenses, les Russes affichent leurs émotions. Je pense que cette expérience sera nécessairement un atout parce que je souhaite faire une carrière en relations franco-russes. »
Maxime Audinet

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