Viktor Vekselberg. Crédits photo : photoxpress
Le propriétaire du groupe Renova Viktor Vekselberg, l'un des hommes les plus riches de Russie, a annoncé son départ du conseil des directeurs du premier producteur mondial d'aluminium, Rusal. Selon lui, cette décision a été provoquée par une crise liée aux actions de la direction de la compagnie. Rusal avance une autre version. Une déclaration officielle stipule que la question du remplacement de Viktor Vekselberg au poste de président du conseil des directeurs, qu'il occupe depuis 2007, a été soulevée à plusieurs reprises car il ne remplissait plus ses fonctions depuis un an.
La plupart des analystes et des acteurs du marché voient clairement dans cet incident le conflit qui oppose Vekselberg, détenteur d'une minorité de Rusal (15,8% conjointement avec Leonard Blavatnik par le biais de Sual Partners) et le principal actionnaire Oleg Deripaska (47,4%). Les principales causes du conflit seraient au nombre de trois, la principale étant le désaccord sur la propriété de 25% de Norilsk Nickel. M. Vekselberg et l'homme d'affaires Mikhaïl Prokhorov (qui détiennent 17% de Rusal) ont insisté pour que Rusal accepte l'offre de rachat de sa part dans Norilsk Nickel, avancée par la direction de Norilsk Nickel et le holding de Vladimir Potanine Interros. Mais Deripaska a insisté sur le refus de cette proposition, qui prévoyait que les acheteurs paient 9,6 milliards d’euros pour 20% de Norilsk.
La deuxième raison avancée par les experts est la décision de l'entreprise d'aluminium de conclure un contrat à long terme avec le négociant en matières premières Glencore (qui possède 8,75% de Rusal), à laquelle les actionnaires minoritaires ont tenté d'opposer leur veto.
La troisième est la question du versement des dividendes, qui n'a pas été effectué depuis 2008 suite à un accord avec les banques créancières.
Concernant le départ de Vekselberg, il existe cependant une autre version : en 2010, Deripaska, Viktor Vekselberg et Glencore ont signé un accord stipulant qu'une fois que Rusal aurait réalisé son entrée en bourse, le chef du groupe Renova cèderait le siège de président du conseil des directeurs à une personnalité indépendante. Selon les tenants de cette version, le processus de remplacement a été retardé pour une raison inconnue, mais a finalement atteint son stade final.
Quoi qu'il en soit, les informations liées au départ de Vekselberg du conseil des directeurs de Rusal ont provoqué des remous sérieux sur les marchés. En début de séance mardi à la bourse de Hong Kong, les reçus de consignation ont chuté de 1,61%, à 6,1 dollars de Hong Kong, suite à quoi les échanges ont été interrompus à la demande du conseil des directeurs de Rusal qui n'a pas donné d'explication. Les actions de la compagnie russe ont chuté de 2,3% à l'ouverture de la bourse russe MICEX de mardi.
Les perspectives de la dynamique des actions Rusal dans un avenir proche sont assez incertaines, estime l'analyste de HSBC Vladimir Joukov : « Sur le marché actuel, le principal facteur déterminant le prix des actions de Rusal est le prix de l'aluminium. S'il augmente, les actions de l'entreprise partiront vers le haut, malgré le fait que Viktor Vekselberg ait démissionné de son poste au conseil d'administration, mettant ainsi en évidence la présence de conflits au sein de Rusal ».
Une opinion similaire est soutenue par le directeur des opérations sur les marchés financiers de la société Partner, Andreï Mordavtchenkov. Toutefois, l'expert estime que dans la question des prix des actions Rusal, un autre facteur aura un rôle crucial : « En plus des prix de l'aluminium, les cours seront en grande partie déterminés par ce que Vekselberg fera de son paquet d'actions : le vendra-t-il, et si oui, à qui ».
La question de l'avenir des actions détenues par Viktor Vekselberg en préoccupe plus d'un aujourd'hui. Cependant, l'agence Interfax citant ses propres sources a rapporté que le chef du groupe Renova ne comptait pas vendre sa participation dans la société d'aluminium. Toutefois, ceci est peu susceptible d'avoir convaincu les marchés, raison pour laquelle analystes et investisseurs se perdent en conjectures pour savoir qui pourrait finir par rafler près de 16% des actions du géant. Cette part pourrait être rachetée par l'homme d'affaires et homme politique Mikhaïl Prokhorov, a déclaré le chef du département analytique de la société Net Trader, Bogdan Zvaritch : « Mikhaïl Prokhorov détient déjà des actions de Rusal, de sorte qu'il pourrait vouloir accroître sa part. Il a de l'expérience dans les guerres d'entreprises et une expérience forgée au sein de Norilsk Nickel qui pourrait lui être tout à fait profitable. Il est fort possible qu'il applique cette expérience à Rusal ».
Le directeur général adjoint de l'Institut de développement des Marchés Financiers, Valery Petrov, est également convaincu que le paquet de Vekselberg, dans le contexte actuel, n'aura d'intérêt que pour ceux qui possèdent déjà des actions de la compagnie d'aluminium : « Il est peu probable que des investisseurs extérieurs souhaitent acheter les actions détenues par le chef de Renova, dans un contexte où Rusal possède une dette importante, pourrait faire l'objet de poursuites et où les perspectives globales sont floues. Ainsi, les principaux prétendants pour l'achat éventuel du paquet – si Vekselberg décide de vendre, ce qui est d'ailleurs peu probable – sont Prokhorov et Deripaska ».
Rusal assure environ 10% de la production mondiale d'aluminium et d'alumine. Ses unités sont réparties dans 19 pays. L'entreprise vend ses produits en Europe, en Amérique du Nord et en Asie du Sud-est. En 2010, Rusal a réalisé son entrée en bourse à Hong Kong, lors de laquelle il a empoché 2,2 milliards de dollars pour 10% de ses actions.
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