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Pendant plus de 10 ans, la société britannique Plastic Logic, pionnière dans l’éléctronique polymère, s’est efforcée de percer sur le marché sans y parvenir. Jusqu’à ce que la société russe Rusnano (Russian corporation of nanotechnologies) rachète 43,89% de ses parts et trouve un débouché à sa production.
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Les temps changent
Fin 2010, la PME Plastic Logic était en pleine crise. Près de 500 millions de dollars étaient investis par des sociétés de capital-risque sans que le lecteur électronique à écran souple QUE proReader ne parvienne à faire ses preuves et à s’imposer sur le marché. Rien de surprenant : l’écran plastique n’existe que depuis 2000 et a donc des dizaines d’années de retard sur les écrans en verre. Ses seuls avantages sont la possibilité d’assurer un grand format (10,7 pouces) et sa haute résistance aux chocs. Les écrans en verre de cette taille sont en effet trop lourds et trop fragiles.
La société russe Rosnano a donc décidé de porter secours aux Britanniques. En janvier 2011, elle a racheté 25% des actions de Plastic Logic, puis est passée à 43,89% pour un montant de 230 millions de dollars (175 millions d’euros), dont plus de 50 000 dollars (38 000 euros) de crédit. Mais l’argent n’est pas tout, il a surtout fallu trouver un débouché qui puisse rendre la production du QUE readerPro rentable.
Jusqu’où va le progrès
« Les enfants sont ravis ! Ils aiment son côté ludique, le fait qu’ils puissent annoter directement dans le texte. Je pense qu’avec le temps, les manuels électroniques remplaceront complètement les manuels papier », considère Irina Roubtsova, professeur de mathématiques dans un lycée de la région de Kaliningrad, où depuis déjà six mois, dans une classe de quatrième, les manuels sont remplacés par le lecteur Plastic Logic 100 dans le cadre d’un programme expérimental.
Adapter le QUE readerPro aux exigences du Ministère russe de l’éducation s’est avéré plus simple que pour le commerce de masse : un port USB pour pouvoir télécharger des contenus, une limitation de téléchargement des fichiers personnels, une haute résistance et bien sûr la sécurité. En fait, il a fallu simplifier l’appareil au maximum, le limitant à la fonction de livre électronique avec l’option de marquer les pages et prendre des notes directement dans le texte. La haute résistance aux chocs était, dès le départ, l’argument majeur des écrans plastiques. « Les élèves peuvent se battre à coups de lecteurs, les faire tomber, renverser de l’eau dessus », énumère Irina Roubtsova. D’autre part, elle souligne que le lecteur, qui pèse 475 grammes, est capable de contenir l’ensemble du programme scolaire depuis le cours élémentaire jusqu’à la terminale, tandis que les manuels papier nécessaires pour une journée de cours pèsent de 2,5 à 5 kg pour une norme limitée à 2 kg.
Simple calcul
C’est le gouvernement qui devra financer l’équipement des écoles. Le prix à l’unité d’un lecteur devrait être de 12 000 roubles (290 euros). Pour la Russie, il ne s’agit pas d’une économie sur le prix des manuels scolaires, qui coûtent largement moins chers. Mais pour l’Allemagne, par exemple, où les parents dépensent près de 400 euros par an pour le programme de littérature, la différence se ferait immédiatement sentir. D’autant que l’usage du lecteur est illimité dans le temps, même s’il n’est garanti que deux ans.
La participation de Plastic Logistic dans le programme national russe lui permettra d’attirer des capitaux pour son développement futur. Selon le Ministère russe de l’éducation, en septembre 2011, on comptait 13 millions d’élèves dans le pays. Si chacun était doté d’un lecteur électronique, la société gagnerait 5,2 milliards de dollars (environ 3,9 millions d’euros), ce qui est 7 fois le montant des investissements. Il ne reste plus qu’à remporter le concours dans lequel prennent part des concurrents sérieux tels que PocketBook 902, Intel ClassMate et jetBook Color (le premier lecteur avec un écran E-Ink couleur).
La société anglaise Plastic Logistic a été fondée en 2000 au sein du laboratoire de Cavendish de l’Université de Cambridge. Elle est aujourd’hui le principal acteur dans le domaine de l’électronique polymère, possédant l’essentiel des brevets et des technologies. Parmi les principaux investisseurs : OAK Investment Partners, Amadeus Capital Partners et BASF Venture. En 2008, une usine de production est construite à Dresde, en Allemagne, dont l’existence est en question car elle ne fabrique que les écrans plastiques tandis que le montage final s’effectue aux Etats-Unis ce qui accroît considérablement le coût de production. De plus, avec l’arrivée de Rosnano, une usine va être montée dans les environs de Moscou, à Zelenograd. Mais l’usine de Dresde ne peut être démantelée parce qu’elle avait été financée par le gouvernement allemand jusqu’en 2013. Difficile de prévoir où en sera Plastic Logistic d’ici là.
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