Crédits photo : ITAR TASS
A la dernière présidentielle, alors qu’il se présentait pour la première fois, le milliardaire Mikhaïl Prokhorov a obtenu un bien meilleur résultat que les autres candidats. La Russie d’Aujourd’hui a interrogé des experts sur les raisons de ce succès et sur l’avenir politique de cet homme d’affaires.
Evguéni Mintchenko, directeur de l’Institut international d’expertise politique
« Pour le moment, Prokhorov n’est pas un véritable homme politique, c’est un préfabriqué. Il n’a aucune popularité. Pour moi, le pouvoir l’a tiré à la surface et l’a fait atteindre le résultat voulu. Tout ça pour combler le vide laissé par la droite libérale. Et puis, c’était le seul candidat nouveau. Restera-t-il en politique ? Tout dépend de sa stratégie, et c’est ce qui pose problème. Il n’aura plus droit aux mêmes privilèges que lors de la présidentielle. Sa campagne électorale était virtuelle et médiatique. Dans l’avenir, il devra trouver quelque chose de plus efficace. »
Gleb Pavlovski, politologue
« Prokhorov a adressé un message très libéral à l’électorat des villes. Il a été porté par l’excitation générale et le mouvement de contestation sociale. Les électeurs indécis (qui sont sortis dans la rue) ont majoritairement voté pour lui. Il est devenu un phénomène nouveau. Il a fait un vrai sprint politique. Au lendemain des élections, il a confirmé son intention de former un parti politique. Ce n’est pas la première fois qu’un dilettante se transforme en homme politique. Poutine aussi, en 1999, n’était qu’un dilettante. Prokhorov est en train de faire son éducation politique. Il apprend vite, ce qui joue en sa faveur. »
Iouri Korgouniouk, fondateur et membre de la Fondation INDEM (Information pour la démocratie)
« Beaucoup de facteurs ont influé sur le résultat de Prokhorov. C’est le seul candidat qui répondait aux exigences d’un électorat libéral de droite. Il était le candidat pour qui ça ne dégoutait pas de voter. D’autre part, il agissait là où les autres hommes politiques ne pouvaient rien faire. Il est apparu dans la politique suite à une demande. Il n’avait aucune expérience du milieu. On lui a fait une proposition qu’il ne pouvait refuser. Il est possible qu’il ne reste pas longtemps dans la politique, car j’ai l’impression qu’il ne se sent pas très à l’aise dans ce rôle. Il n’aime pas trop être exposé à la télé, ce n’est pas trop son truc. »
Mikhaïl Vinogradov, directeur de la Fondation de politique de Saint-Pétersbourg
« Nous n’avons pas entendu de véritable programme de sa part, il est donc difficile de juger du rapport que la société entretient avec lui. Je crois que le fait qu’il soit nouveau et relativement jeune par rapport aux autres candidats à beaucoup joué. Concernant la suite de sa carrière politique, je pense qu’il ne sait pas encore lui-même comment exploiter le résultat obtenu. La première solution, c’est qu’il obtienne un haut poste au gouvernement. Mais un poste de ministre peut rabaisser son statut, ce serait troquer sa réputation pour une carrière politique. L’autre solution, la création d’un parti politique, n’a de sens que dans le cas d’élections législatives anticipées ».
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