Le « nuage » qui peut éclaircir le ciel russe

La filière n’emploie pas plus de 300 000 personnes. Crédits photo : ITAR-TASS

La filière n’emploie pas plus de 300 000 personnes. Crédits photo : ITAR-TASS

Le marché russe des TIC croît rapidement, mais devant les incertitudes qui s’amoncellent à l’horizon, la technologie dite du nuage offre des débouchés.

Pour les institutions financières et les analystes indépendants, pas de doute : le marché russe des technologies de l’information est complètement guéri des séquelles de la crise financière de 2008. Selon le ministre russe des Télécommunications Igor Chtchegolev, ce même marché avait connu une poussée de croissance de 14,6% en 2011, le ministère du Développement économique tablant sur une progression de 15,8% en 2012, et de 18,1% en 2013.


Actuellement, les entreprises russes ne contrôlent que 1% du marché mondial des produits et services liés aux technologies de l’information, à hauteur d’environ 16 à 20 milliards de dollars. Le ministère du Développement économique prévoit que le volume du marché russe des TIC atteindra 32 millions de dollars d’ici à 2013. Mais derrière ces chiffres positifs, de nombreuses questions se posent quant au potentiel mondial du secteur. Aujourd’hui, la Russie exporte au maximum 1,5 milliard de dollars de services TIC.

En chiffres

70%  des revenus générés par le secteur sont concentrés entre les mains des dix plus grosses entreprises.

77 ème rang mondial. C’est le classement de la Russie en terme de croissance des revenus du secteur.

S’il est un créneau dans lequel les sociétés russes espèrent rivaliser avec les acteurs internationaux, c’est celui des « nuages » informatiques (c’est-à-dire le stockage dans des serveurs distants). Bien que ce domaine soit assez restreint pour le moment, Konstantin Chernychov, analyste d’Uralsib-Capital, estime qu’il affichera des taux de croissance importants au sein du marché des services TIC d’ici à 2015. Le gouvernement russe est un promoteur majeur de la technologie « dans le nuage » (d’après le terme anglais « cloud »). Un projet en cours concerne un service national en nuage destiné à organiser l’interaction informatique interministérielle. Il fournira également des services à l’échelon étatique et municipal au public. Le cabinet d’étude IDC prévoit que le marché des services en nuage en Russie atteindra 1,2 milliard de dollars d’ici à 2015. En 2010, il était évalué à 35 millions seulement.

Taille du marché TIC en % du PIB


La technologie « cloud » est l’un des 15 domaines prioritaires soutenus par le Centre d’innovation Skolkovo, la « Silicon Valley » du gouvernement en gestation dans les environs de Moscou. La technique du nuage fait partie du « cluster » (ou groupement) des technologies de l’information de Skolkovo au même titre que les systèmes de recherche multimédias, le traitement et la reconnaissance vidéo et audio, les applications mobiles, les solutions d’ingénierie complexes, les technologies de l’information vertes, les réseaux de capteurs sans fil, et d’autres.


Le projet Skolkovo n’est qu’une des voies que le gouvernement a empruntées ces deux trois dernières années pour soutenir le secteur. Un nombre croissant d’organismes d’État sont désormais accessibles en ligne ; différents projets d’information ont été lancés, et l’État a intensifié sa guerre contre le piratage et les raids commerciaux. En outre, le gouvernement a évoqué son intention de développer les médias en ligne et l’exploitation commerciale des réseaux de quatrième génération. Des parcs industriels subventionnés font leur apparition, et le gouvernement a mis en place des zones économiques spéciales offrant des allégements fiscaux et d’autres avantages.


La forte concentration du secteur inquiète certains. Bien que Konstantin Tchernychov note qu’aucune des sociétés ne se taille la part du lion sur le marché et qu’il reste encore de la place pour les jeunes pousses (les « start-ups »), les nouvelles entreprises affrontent de sérieux obstacles dans la course au financement. Elles sont en outre pénalisées par le montant des charges prélevées sur les salaires, qui atteignent 5 à 10% des dépenses des entreprises hors matières premières, et pèsent donc considérablement sur leurs marges. Le ciel n’est pas sans nuages...

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