Un financier chasse le gaspi énergétique au Tatarstan

Jochen Wermuth, le fondateur de WAM. Crédits photo : PhotoXPress

Jochen Wermuth, le fondateur de WAM. Crédits photo : PhotoXPress

S'enrichir en réduisant la consommation énergétique, c'est possible, d'après Jochen Wermuth, un financier Allemand installé à Moscou depuis 1993.

Comment attirer des nouvelles technologies « propres » occidentales au Tatarstan (une région située à 800km à l'Est de Moscou) tout en assurant aux investisseurs des bénéfices importants ? Wermuth Asset Management (WAM), un fonds d'investissement allemand travaillant depuis 13 ans en Russie, pense avoir trouvé la solution, grâce à un montage financier original, où des investisseurs tatares et internationaux partageront inégalement les risques, au profit de ces derniers. Jochen Wermuth, le fondateur de WAM, a eu l'idée de former le Fonds Tatarstan pour les Technologies Propres sur la base de quelques constatations simples. Sur le plan de la consommation d'énergie, la Russie est 11 fois moins efficiente que l'Allemagne, et 6 fois moins que le Canada, auquel le pays est comparable en termes de climat et d'exportation d'hydrocarbures.



Ce sera le premier fonds international dédié aux technologies « propres » en Russie. Pour l'instant, 100 millions d'euros ont été levés auprès de la République du Tatarstan (à travers un fonds souverain) et 10 millions venant de WAM. Jochen Wermuth se donne jusqu'à l'été prochain pour trouver 90 millions supplémentaires auprès d'investisseurs professionnels (à partir d'un million d'euros) et de grands groupes industriels. WAM serait également en négociation avec une très grande banque européenne pour lever jusqu'à 100 millions d'euros d'un coup.


Pour stimuler l'appétit des investisseurs, WAM fait miroiter du 30% par an de plus-value. Mais attention, c'est un fonds fermé de dix ans, c'est-à-dire que l'investisseur ne récupère son engagement initial (ainsi que la plus-value) qu'après la sortie des investissements, à travers une introduction en bourse ou une vente des actifs à d'autres investisseurs, « à un horizon de quatre a six ans maximum par investissement du fond, mais nous espérons avant », précise Jochen Wermuth. Les bénéfices engrangés par les entreprises dans lesquelles le fonds a investit seront donc chaque année réinjectés dans les entreprises et non payés aux actionnaires sous forme de dividendes. L'objectif étant de valoriser au maximum ces entreprises avant de les vendre. Dans le but de rassurer les investisseurs occidentaux, WAM leur garantit un régime préférentiel par le biais d'un mécanisme où ils récupèrent leur mise deux fois plus rapidement que la République du Tatarstan. En outre, ils sont assurés de récupérer la totalité de leur mise initiale même si la valeur des actifs chute de 75%.



L'argent sera investit en priorité dans des petites et moyennes entreprises possédant des technologies de pointe en matière de réduction de la consommation d'énergie. Ces sociétés seront encouragées (mais pas forcées, souligne Jochen Wermuth) à développer des produits spécifiques au marché du Tatarstan, voire à implanter sur place une production industrielle. WAM insiste sur le fait que le Tatarstan désire avant tout attirer des investissements durables, et que la corrélation est d'améliorer le climat d'affaires. Aucune coercition, donc, car le fonds s'est assuré une indépendance totale sur le choix des investissements, explique Daniel Colbert, principal partenaire du Fonds Tatarstan pour les Technologies Propres. Ce dernier souligne aussi que la république du Tatarstan est notée par Forbes et Ernst & Young comme la région russe possédant le meilleur classement en terme de climat d'investissement.



WAM cherche activement des sociétés capables de créer une forte valeur ajoutée au fonds, et les appâte en leur ouvrant en échange un accès privilégié au marché tatar. « Prenons par exemple une société hollandaise possédant une technologie permettant de réaliser des économies d'énergie », explique Jochen Wermuth. « Sur son marché domestique, elle a du mal à vendre sa production car l'efficacité énergétique est déjà très élevée. Nous leur offrons un marché quasi vierge présentant de grandes perspectives de croissance ». Pourquoi le Tatarstan ? Jochen Wermuth rappelle qu'il s'agit d'une des régions les plus polluées du pays, dont les réserves en hydrocarbures seront bientôt épuisées – d'où l'impératif besoin d'améliorer l'efficacité énergétique régionale.



WAM se garde pour l'instant de nommer les cibles probables du fonds, car aucun accord n'a encore été signé. Jochen Wermuth se dit intéressé par plusieurs clusters de compétence comme la technopole Sofia Antipolis, réputé pour ses super ordinateurs à basse consommation et celui formé autour d'Airbus à Toulouse, très en pointe sur les matériaux d'isolation. Les contrats seront signés à Kazan, dans les six mois à venir, promet le directeur de WAM.

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