Après les élections

Crédits photo : Legion Media

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Les fonctionnaires russes estiment qu'après l’élection présidentielle de mars, la Russie se transformera en refuge pour les investisseurs mondiaux et que le pays sera submergé par une puissante vague de capitaux étrangers. Les experts, tout en admettant la possibilité d'un afflux d'investissements, conseillent eux de s'occuper des questions d'infrastructure, sans quoi la Russie ne sera pas en mesure de digérer une si grande quantité d'argent.

La Russie va faire face à de fortes rentrées de capitaux après l'élection présidentielle, a déclaré à Davos le président du Fonds pour les investissements directs Kirill Dmitriev dans un entretien à la chaîne Russia Today. « La Russie est l'un des rares marchés garantissant la croissance, et les investisseurs sont à la recherche d'opportunités de croissance », a-t-il affirmé. La Russie deviendra un paradis pour les investisseurs en raison de ses bonnes performances macro-économiques, du faible niveau de sa dette extérieure par rapport à son PIB et d'un important stock de devises internationales et d'or.

Le ministère du Développement économique affiche lui aussi de grandes ambitions. À la mi-janvier, le chef de Département du ministère Sergueï Beliakov a dit que la Russie tablait sur une augmentation de l'afflux des investissements étrangers de 51,9 milliards de dollars l'année dernière à 70-75 milliards d'ici la fin de cette année. « En dix ans, nous voulons entrer dans le top 30 des meilleurs pays où faire des affaires (aujourd'hui la Russie occupe la 120ème place sur les 183 du classement) », a souligné le fonctionnaire, malgré le fait qu'au terme de l’année 2011, le reflux des capitaux ait été multiplié par 2,5 par rapport à 2010, à 84,2 milliards de dollars.

Et si le gouvernement ne tend pas la main aux entreprises, la situation pourrait se reproduire. « Les capitaux s'enfuient bien que l'économie croisse. Il ne devrait pas en être ainsi », estime Igor Nikolaïev, expert de FBK. Ce dernier cite les trois facteurs favorisant le reflux : l'économie mondiale ralentit les risques liés à l'économie russe, parce que « le gouvernement a pris en temps de crise plus d'engagements, ce qui l'oblige et l'obligera à alourdir le fardeau fiscal », ainsi que les risques politiques.

« On peut imaginer qu'élu pour un troisième mandat, Poutine fasse des déclarations bienveillantes envers les investisseurs. Mais pour l'instant la situation se développe dans un sens tout à fait contraire », constate le professeur Konstantine Styrine de l'Ecole russe d'économie. « Les investissements n'afflueront que si nous mettons fin à la bureaucratie et à la corruption rencontrées par les investisseurs, car nos excellents indicateurs macroéconomiques n'impressionnent personne », ajoute l'économiste en chef d'Uralsib Capital Alexeï Deviatov.

Cependant, les experts ne nient pas la possibilité d'un afflux de capitaux au terme de l'année, qui pourrait cependant s'avérer spéculatif. « Si des mesures pour régler la situation dans la zone euro sont prises assez activement et que cela provoque une vague d'optimisme chez les investisseurs, alors cette vague d'optimisme pourrait causer une ruée locale et concerner certains marchés émergents », estime M. Styrine. « Mais on ne parviendra pas à obtenir des investissements directs de la sorte : ils seront plutôt inertes, et pour arriver à un afflux plus intense, il convient de lever l'incertitude sur le programme de développement économique et politique ».

Afin d'attirer de gros investissements, le gouvernement doit préparer le terrain. « Il peut y avoir des problèmes d'infrastructure qui sont associés au système de transport peu développé, aux mauvaises connexions au réseau communaux et électriques, ce qui nécessite un choix minutieux », poursuit M. Devyatov. À Moscou, il est impossible de se connecter au réseau électrique, les mêmes problèmes existent dans d'autres régions. Un autre obstacle est lié au personnel. « Nous avons des régions avec un taux de chômage élevé, telles que l'Ingouchie, mais là-bas la main d'œuvre n'est pas très qualifiée. Et dans tout le pays manque cruellement d'ingénieurs ».

Lisez article original sur le site RBKdaily

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