Lev Dodine joue sa carte à la Bastille

Crédits photo : ITAR TASS

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L’action commence dans une chambre de l’hôpital psychiatrique Oboukhov, où est interné Hermann. Mais le Jardin d’Été de Saint-Pétersbourg, présent dans la majorité des adaptations de La Dame de pique, a été remplacé par les silhouettes des jardins florentins Boboli, comme pour rappeler que c’est dans ces lieux que Tchaïkovski a composé son grand opéra, d’après sur la nouvelle de Pouchkine.

Lev Dodine, metteur en scène de légende, directeur artistique du Théâtre Maly de Saint-Pétersbourg et premier vainqueur du prestigieux prix « Europe pour le théâtre », avait déjà mis en scène en 2003 l’opéra Salomé de Richard Strauss, à l’Opéra Bastille. Il s’était déjà attaqué à La Dame de pique par le passé, et a décidé de remettre le couvert en collaboration avec des vedettes de l’opéra pétersbourgeois. Le rôle d’Hermann est joué par Vladimir Galouzine, grand soliste du théatre Mariinski.

L’écrivain Anatoli Gladiline a assisté à la représentation générale de La Dame de Pique et s’est entretenu avec le metteur en scène.

Anatoli Gladiline : Lev Dodine, je vis en France depuis déjà 35 ans, et je connais la vision que les Français avaient alors des Russes, ou plus précisément du Soviétiques. Ils avaient pour eux du respect. Vous travaillez ici avec probablement l’un des plus prestigieux opéras au monde. Quelles sont vos impressions ?

Lev Dodine : En tant que metteur en scène, je ne sais pas. Mais tous les collaborateurs avec qui j’ai travaillé, que ce soit les chanteurs, français et russes, ou en général ceux qui ont participé à ce projet, ont énormément de respect pour la culture russe, qui est peut-être même parfois mieux comprise ici que dans notre pays. Ce n’est pas ma première collaboration avec l’Opéra Bastille et je dois vous dire que cette fois-ci, probablement à cause des circonstances ou des vedettes présentes, je ressens davantage d’intérêt pour l’œuvre, le projet, et ce choix assez original. Les chœurs, avec qui il est toujours plus difficile de travailler parce qu’ils constituent une sorte de mosaïque de personnalités, ont complètement adhéré au projet et ont compris que l’œuvre ne concernait pas seulement Tchaïkovski, mais également Pouchkine. Ce point, qui est déjà très difficile à comprendre en russe, l’est encore plus en français.

Je pense que ceux qui prétendent qu’on respecte moins la culture russe aujourd’hui qu’à l’époque soviétique se trompent. Il me semble, au contraire, que ces préjugés nous préoccupaient plus à l’époque soviétique. Non, les Français sont comme nous. Comme nous, ils se disputent et se fâchent. Nous nous ressemblons.

L’intégralité de l’interview est disponible (en russe) sur le site de Rossiyskaya Gazeta

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