Nouvel An en Russie

Crédits photo : Rouslan Soukhouchine

Crédits photo : Rouslan Soukhouchine

Après plusieurs mois d'exil new-yorkais, notre expatrié Jean-Pierre ne pouvait pas ne pas revenir dans sa terre d'adoption russe, ne fut-ce que pour y passer le Nouvel An.

Dès l'aéroport, il s'y sent à nouveau chez lui. C'est probablement le sourire affable du douanier, ou encore la courtoisie des chauffeurs de taxi qui le font se sentir bien. Pour une fois, au moins, Jean-Pierre n'est pas coincé dans les bouchons. Au contraire, la voie est libre : la moitié de Moscou quitte la ville par tous les moyens pour oublier le monstre urbain pendant dix jours, notre vieil ami est probablement le seul à vouloir, au contraire, y rentrer.

La compagnie aérienne ayant perdu ses bagages, Jean-Pierre doit se replier vers le GOUM pour ses emplettes de dernière minute. Visiblement, l'autre moitié de Moscou a perdu ses bagages : il y a encore plus de monde dans les rayons du grand centre commercial que dans les manifestations de l'opposition. Epuisé, il décide plutôt de faire l'acquisition d'une dizaine de boîtes de chocolat « Monamour », dont on sait qu'elles connaissent un grand succès.

Les efforts en valaient la peine : arrivé chez ses vieux potes qu'il retrouve, Jean-Pierre peut enfin se prélasser et profiter des plaisirs de la table russe. Ilya est, comme d'habitude, déjà complètement bourré, et confond la bouteille de vodka avec le « champagne » soviétique, bien que personne ne sache réellement si le cocktail est prémédité ou pas. Tania s'engueule vertement avec Oleg, bien que personne ne sache réellement s'ils sont toujours ensemble. Et puisque c'est une année électorale, Sergueï, pro-Poutine, se prend la tête avec Kirill, un libéral, bien que personne ne sache réellement s'ils ont voté, en fait.

Minuit approche à grands pas, on s'apprête à suivre à la télévision le discours du président, et ensuite entendre les douze coups de minuit au clocher du Kremlin. Lorsque Dmitri Medvedev apparaît, quelqu'un, peut-être Oleg, dit « ah bon, il est encore là celui-là » ? Jean-Pierre n'a pas bien compris, mais tout le monde a rigolé, même Sergueï et Kirill, qui en ont profité pour se réconcilier.

C'est un peu la dernière image de Jean-Pierre, ça et la salade Olivier. Il s'est réveillé dix jours plus tard, au lendemain des jours fériés, la tête dans le saladier et toujours éméché. Il avait loupé son avion et compromis son boulot, mais une chose est sûre : le Nouvel an en Russie, c'est quand même autre chose qu'aux Etats-Unis.

Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.

Ce site utilise des cookies. Cliquez ici pour en savoir plus.

Accepter les cookies