La Russie devient membre de l'OMC

Crédits photo : AFP/EastNews

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Après 18 ans de négociations, la Russie est devenue vendredi membre de l'Organisation mondiale du commerce. Le protocole d'adhésion doit à présent être ratifié par le Parlement russe, dans un délai de 6 mois. Une fois cette ratification effectuée, la Russie disposera ensuite d'un nouveau délai de 30 jours pour devenir membre à part entière de l'OMC.

Atanas Bostandjiev, PDG, Royaume-Uni et international pour VTB Capital plc.

Dans le pessimisme ambiant qui règne au sein de l’économie européenne, une grande lueur d’espoir est venue cette semaine de l’officialisation de l’adhésion de la Russie à l’Organisation mondiale du commerce, et ce après 18 années de négociations. Une meilleure intégration dans le système de commerce mondial apportera des bénéfices économiques à la Russie, avec une hausse de son PIB de 1% par an selon certaines estimations, mais aussi au Royaume-Uni, qui pourra ainsi profiter de la libéralisation d’un marché de plus en plus important.

Bien que les tarifs pour les produits importés aient diminué depuis le début de la transition de la Russie vers une économie de marché, il y a 20 ans, l’adhésion à l’OMC accélèrera ce processus de libéralisation. Les tarifs sur les marchandises seront abolis ou réduits dans plus de 700 catégories, les droits à l’importation passant de 10% à 7% en moyenne.

À court terme, ces mesures devraient affecter certains secteurs de l’économie russe, en particulier l’industrie légère et la production de machines qui sont moins compétitives. Mais la réduction des barrières tarifaires incitera les entreprises russes à devenir plus compétitives au niveau international et permettra de réduire les prix pour les consommateurs.

Même si le marché des biens est important, les investisseurs britanniques sont davantage intéressés par l’accès au marché russe des services, domaine dans lequel la Russie a beaucoup de retard à rattraper. Le respect des règlementations de l’OMC ouvrira le marché pour toute une série de services, notamment dans les domaines du droit, de l’assurance et des télécommunications. Pour la première fois, la totalité des banques sous contrôle extérieur pourront désormais ouvrir en Russie, même si la participation étrangère dans le système bancaire russe sera limitée à 50%.

Le Royaume-Uni, et la City de Londres en particulier, dispose d’un véritable avantage par rapport aux autres dans ces secteurs. L’ouverture de ce nouveau marché pourrait compenser en partie la baisse de la demande venant de l’UE qui freine le redressement du Royaume-Uni.

Pendant trop longtemps, la Russie a été considérée comme un endroit risqué pour les investissements, notamment à cause de la perception que les règles de placement étaient exposées à l’ingérence politique. L’adhésion à l’OMC favorisera la mise en place d’un ensemble indépendant de règlementations et de mécanismes de résolution des différends que les entreprises et le gouvernement russes pourront très difficilement contourner. Les litiges seront désormais réglés via un organisme tiers indépendant plutôt que par des tribunaux russes, nouvelle qui devrait soulager les sociétés étrangères.

Comme cela s’est produit pour les anciennes républiques de l’Union soviétique qui sont entrées dans l’UE, l’adhésion de la Russie à l’OMC devrait convaincre les politiciens et les chefs d’entreprises que des réformes sont à la fois souhaitées et nécessaires. Les règles de l’OMC doivent aussi marquer le début d’une nouvelle ère en matière de transparence, le gouvernement russe étant désormais obligé de publier à l’avance toutes les nouvelles législations relatives aux marchandises, aux services et à la propriété intellectuelle. Les investisseurs étrangers ne pourront donc plus être pris au dépourvu par de nouvelles règlementations.

Mais la réforme de l’économie russe ne s’arrête pas là. Cette adhésion devrait aider à mettre fin à la réputation injustifiée de la Russie, souvent considérée comme une destination exotique mais risquée pour les investisseurs. Les industries de services du Royaume-Uni ont maintenant la possibilité d’investir et d’étendre leurs activités au sein d’un marché dont les conditions sont favorables. Cela pourrait représenter une des meilleures opportunités de la décennie.

Atanas Bostandjiev, PDG, Royaume-Uni et international pour VTB Capital plc.

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