Koudrine : nouveau porte-voix de l’opposition ?

Crédits photo : Reuters/VostockPhoto

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Lundi 12 décembre, l’ex-ministre des Finances russe, Alexeï Koudrine a déclaré au journal Vedomosti être prêt à créer un nouveau parti de droite.

Au début de l’année, Alexeï Koudrine était l’un des favoris pour prendre les rênes du parti libéral Juste Cause. Il avait l’intention de s’engager en politique, mais Vladimir Poutine lui promit alors un poste haut placé au sein du nouveau gouvernement. Il était même question qu’il soit nommé Premier ministre.

D’après la version de Koudrine, c’est le président Dmitri Medvedev qui lui proposa de prendre la tête du parti, et il en fut également question avec Vladimir Poutine. Le ministre refusa car ce projet ne lui inspira pas confiance : il lui sembla trop artificiel et entièrement dépendant du Kremlin.

Koudrine ne révèle pas comment va renaître le parti libéral sur fond d’agitation contestataire de la population contre l’issue des législatives. Toutefois, il a fait comprendre qu’il se baserait sur la consolidation des forces libérales et démocratiques. Il a déclaré avoir pris contact avec l’ancien leader de Juste Cause, Mikhaïl Prokhorov.

Prokhorov a refusé tout commentaire au quotidien Vedomosti sur ces pourparlers. Son porte-parole nie tout projet de construction de parti politique en commun avec Koudrine.

Des proches de l’administration du Kremlin et de Koudrine confirment qu’il s’agit plutôt d’un projet politique personnel. Après son limogeage, Koudrine a été particulièrement motivé par le soutien de ses collègues et des experts et a mûri l’idée d’un mouvement libéral destiné à être enregistré par la suite en parti politique. Mais, il a assez vite calmé ses ardeurs.

Un autre proche du Kremlin raconte que Koudrine n’a jamais délaissé l’idée de faire de la politique. Koudrine est un homme de système avec des valeurs libérales et une expérience de l’exécutif. Dans le contexte actuel de perturbations politiques, Poutine peut se retrouver face à une opposition loyale et autonome. Bien que ce projet arrive avec retard.

Le Kremlin et à la Maison Blanche n’ont pas encore de réponse bien définie aux protestations grandissantes.

« Le système politique peut évoluer de manière totalement imprévue et plus rapidement que ce que nous pensons », constate l’ancien chef de l’Union des forces de droite (SPS), le gouverneur de Kirov, Nikita Belykh, en se référant au contexte des manifestations contestataires du week-end dernier. Il considère que Koudrine est l’un des seuls hommes politiques capables de réunir et consolider la population libérale et contestataire et qu’il serait logique de le mettre à contribution pour créer une plateforme constructive basée sur l’énergie des masses.

Le politologue Mikhaïl Vinogradov est persuadé que les revendication des contestataires vont au delà de la simple annulation des résultats des législatives. C’est une véritable parade « anti-Poutine ». Koudrine ne suffira pas pour apaiser les masses si Poutine est réélu. Malgré sa bonne réputation, Koudrine n’a pas assez de marge de manœuvre pour devenir totalement indépendant du point de vue politique : rendez-vous aux prochaines élections dans cinq ans.

Article initialement publié survedomosti.ru

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