L’art numérique s’offre au public

Crédits photo : Andrey Samoylov

Crédits photo : Andrey Samoylov

Les arts cybernétiques sont à l’honneur du 18 au 23 novembre, à Saint-Pétersbourg, dans le cadre du Ve Festival international Cyberfest. 80 artistes de 12 pays différents présentent leurs installations dans cinq lieux dédiés à la création contemporaine. Grâce aux nouvelles technologies, l’art se fait interactif.

Photos d'Andrey Samoylov

Dès l’entrée de l’exposition, le ton est donné : un écran tactile (Transfocator personnel de Lydia Vitkovski et Denis Mikhaïlov) vous invite à recréer l’autoportrait de Picasso en déplaçant les éléments du visage à votre goût. Faisant écho au maître mot de la Biennale d’art contemporain venant de se terminer à Moscou, le Festival appelle à l’interactivité, à la participation active et créative du public. La plupart des oeuvres illustrent parfaitement ce message. Comme la sculpture sonore de Peter Vogel , où en bougeant ou dansant devant l’installation vous produisez vous-même la musique. Ou bien la projection interactive des canadiens Jean Dubois et Chloé Lefebvre, À bout de souffle.  Le visiteur compose un numéro de téléphone et, en soufflant dans son portable, aide les artistes projetés à  l’écran à gonfler des bulles de chewing-gum. L’objectif est « de mettre en contact le public avec l’objet artistique, de le faire participer au processus créatif ».

Ces technologies nouvelles contribuent également à nous plonger dans un univers de sensations virtuelles. Des gouttes nous tombent dessus sans nous mouiller (Gouttes en carton, Anne Frantz). Et l’on joue d’un instrument sans le toucher. Univers onirique de l’américaine Dorit Chrysler, virtuose du Termenvox, premier instrument électronique injustement méconnu inventé en 1920 par Léon Termen, un savant soviétique. Les doigts de la musicienne ne touchent que l’air, pinçant et caressant des cordes invisibles en un son comparable au chant des dauphins. Ballet de doigts à l’unisson de celui de deux danseurs dont les mouvements, filmés au ralenti et projetés à l’écran donnent naissance à un tableau abstrait fait de lignes et de courbes.

Les artistes français Fred Forest et Sophie Lavaud, pionniers de l’art multimédia et reconnus mondialement, ne passeront pas inaperçus au milieu de ce bouillon créatif (pour la petite histoire, ils étaient les premiers, en 1999, à célebrer leur « technomariage » sur internet). Fred se dit satisfait de la tournure ludique que prend le cyber art, lui qui s’inquiétait que parfois « les artistes ressemblaient plus à des scientifiques ou à des techniciens ». Tandis que Sophie Lavaud propose un atelier d’art numérique interactif autour d’un tableau de Kandinski,  Fred Forest distille un peu de satire sociologique dans cet univers créatif somme toute assez léger. Son installation, Le bal des traders, chorégraphiant la sortie de bureau des grands centres d’affaires mondiaux, pose un regard critique sur la globalisation à outrance qui caractérise notre temps. Le collectif moscovite ABC raille sur un ton plus léger la dictature bureaucratique en utilisant le matériel de bureau (des élastiques punaisés sur un tableau de liège) pour composer ses oeuvres : « Au bureau, au lieu de vous ennyuer, créez ! »

Tout au long de l’exposition, on nous met entre les mains des joujous d’éveil. Et comme l’enfant fier de sa pyramide ou de son puzzle, nous devenons démiurge l’espace d’un instant, pour notre grande satisfaction.

Expositions organisées aux : Centre éducation et jeunesse du musée de l’Ermitage, Galerie Art Re.Flex, Galerie Dmitri Semenov, Galerie sonore expérimentale GEZ, Centre d’art contemporain Sergueï Kuryokhin


Entrée libre

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