Crédits photo : RIA Novosti
La législation électorale ne cesse de changer : rien qu’en 2002, ses textes ont été modifiés près de 150 fois. Aujourd’hui, le pouvoir et l’opposition ont des visions totalement divergentes du système électoral en vigueur.
La CEC caractérise le système électoral russe comme « l’un des meilleurs au
monde », en insistant sur l’aspect hautement technologique du processus :
comptage automatisé des voix, base de données informatisée, caméras vidéo dans
les bureaux de vote. Autant de facteurs qui devraient éliminer le risque de
fraude, selon Vladimir Tchourov, président de la CEC.
« Sur les 54 États de l’OSCE, seuls 23, ceux de la CEI inclus, ont voté des lois reconnaissant l’institution d’observateurs internationaux. On ne trouve de telles lois ni aux États-Unis, ni en Allemagne, ni en France, ni au Royaume-Uni, ni en Belgique. Cela arrive que ces pays convoquent des observateurs internationaux mais c’est rare et ceux-ci sont toujours en nombre limité. En Russie, les observateurs internationaux ont le droit d’être présents aux commissions électorales à tous les niveaux, dont les commissions de circonscription, les jours de scrutin, les jours précédant les élections, au moment du dépouillement et du comptage. »
Mais pour certains, les dés sont pipés. « En Russie, à ce jour, le système électoral dans son ensemble ne correspond ni aux normes internationales, ni même à la législation du pays » , dénoncent les organisations russes de défense des droits de l’homme à l’Assemblée parlementaire du Conseil européen (APCE). Elles reprochent à Russie unie, le parti du pouvoir qui est en charge du remaniement du système électoral depuis ces dix dernières années, de le faire en sa propre faveur. Par exemple : le changement du mode d’élection des gouverneurs, l’interdiction de former des coalitions électorales, l’annulation du vote « contre tous » (les candidats présentés), le taux minimum de participation, la modification de la législation sur l’enregistrement d’un parti politique - le nombre de signatures requises passe de 10 000 а 45 000 (pour une population de 142 millions d’habitants).
Les adeptes de ces mesures limitatives affirment qu’elles correspondent aux
normes des organisations européennes. Ils mettent également en avant les
sondages montrant que les Russes soutiennent l’idée de trois ou quatre partis
forts.
Toutefois, en Grande-Bretagne, considérée comme le pays au système bipartite
par excellence, il y a en réalité près de 40 partis (dont cinq sont représentés
au Parlement), alors que dans la Russie multipartite, il n’y en a que sept
(dont quatre au Parlement). Dans la plupart des pays européens, ce sont les
électeurs et non l’État qui jugent du bien fondé d’un parti politique. Selon
Vladimir Tchourov, pour la Russie, les modèles d’un nouveau système électoral
seraient « les jeunes démocraties » , comme les pays d’Amérique latine, l’Inde,
la Corée du Sud.
En Russie, les partis sont passés au crible par le ministère de la Justice,
auprès duquel ils doivent s’enregistrer officiellement, et ils ne peuvent voir
le jour sans l’aval du Kremlin. Beaucoup considèrent qu’il n’y a vraiment plus
aucun suspens quant au résultat des législatives, ni des présidentielles.
Le chef de la Commission électorale, Vladimir Tchourov, n’est pas d’accord.
Pour lui, le verdict des urnes dépendra du degré de mobilisation des électeurs.
Étrangement, une grande partie de l’opposition le soutient sur ce point et
affirme que, même dans la situation actuelle, avec une forte participation
électorale, il est possible de bousculer Russie unie. Mais les bulletins
invalidés ou les voix pour les partis qui ne passeront pas le seuil des 7%
seront attribués au vainqueur. En vue d’améliorer le système actuel, le
président russe Dmitri Medvedev, tête de liste du parti du pouvoir, envisage
d’abaisser de 7 а 5% des voix le seuil de représentation à la Douma. Les
critiques n’hésitent pas à dénoncer des mesures dites « cosmétiques » ,
vestige d’une « période de construction démocratique » qui, en Russie, n’en
finit pas, depuis déjа 20 ans.
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