Arkadi Dvorkovitch, conseiller économique du président Medvedev. Crédits photo : RIA Novosti
La Russie semble vouloir imiter la Chine en offrant son aide à l’Union européenne dans sa lutte contre la crise de la dette. Selon Arkadi Dvorkovitch, conseiller économique du président Medvedev, la Russie envisage de le faire via le FMI et, éventuellement, des accords bilatéraux avec les pays membres de l’UE. M. Dvorkovitch a également indiqué que cette aide devrait dépasser les 7,3 milliards d’euros. Ce montant, très symbolique et qui ne suffit même pas à fournir une des tranches de l’aide internationale à la Grèce (la prochaine tranche, approuvée le 21 octobre, devrait atteindre les 8 milliards d’euros), doit davantage être considéré comme un geste politique.
Cependant, même l’aspect politique paraît important. La récente volatilité des
marchés financiers, due en grande partie aux doutes qui planent sur la
stabilité des finances des gouvernements européens, a eu des répercussions
importantes sur les économies émergentes, y compris la Russie. Depuis le début
du mois d’août, la baisse des prises de risque et la fuite vers la qualité ont quasiment
fermé les marchés financiers russes aux nouveaux emprunteurs, et ce n’est que
maintenant que les émetteurs essayent de les rouvrir. De plus, au moment où les
craintes étaient les plus sérieuses, le rouble a perdu 15% de sa valeur et les
taux d’intérêt domestiques ont augmenté de 1,5 à 2%. La situation s’est
améliorée depuis, mais cette embellie n’est que le résultat du meilleur climat
qui règne sur les marchés en Europe depuis l’adoption, dimanche dernier, d’un
nouveau plan. La détérioration des marchés en Russie a démontré à quel point le
pays est lié au reste de l’Europe et au monde. C’est pourquoi l’empressement du
gouvernement russe à aider le Fonds européen de stabilité financière est en
fait un geste pour assurer la stabilité de ses marchés financiers intérieurs.
Néanmoins, le montant peu élevé montre que la capacité de la Russie à fournir
une telle aide est limitée, et ce pour deux raisons. Premièrement, contrairement
à la Banque centrale, le gouvernement russe a dépensé la plupart de ses
économies à aider le pays à sortir de la crise de ces dernières années. Ses
deux fonds – le Fonds de réserve et le Fonds de prospérité nationale – ne
disposent désormais que d’un peu plus de 73 milliards d’euros, et les
chances que cet argent soit de nouveau nécessaire en cas de chute des prix du
pétrole sont assez élevées. Deuxièmement, le gouvernement veut clairement
garantir la sécurité de tous les financements accordés à l’Europe. Injecter des
fonds supplémentaires au FMI semble donc être la meilleure solution. Ce n’est
peut-être pas non plus une coïncidence si Christine Lagarde, la directrice
générale du Fonds, doit se rendre à Moscou le 7 novembre, probablement pour
régler les détails de cette transaction. La Russie défend différents intérêts
politiques en Europe, du renforcement de son influence dans les pays de
l’ex-URSS aux exportations d’énergie. Il semble toutefois que la Russie, contrairement
à la Chine, n’aurait pas l’intention de se montrer intraitable sur le sujet et
préfèrerait montrer sa bonne volonté dans d’autres domaines.
Il se pourrait toutefois que la Russie joue un rôle bien plus important dans le
financement du fonds de sauvetage de l’Union européenne si une meilleure infrastructure
est mise en place. La moitié seulement des 380 milliards d’euros et des
réserves de la Banque centrale russe sont en euros. Elle investit généralement
ses réserves dans des obligations hautement liquides et notées AAA. Par
conséquent, s’il devait exister des obligations communes de l’Eurosystème, il
se pourrait que la Banque centrale russe en achète de grandes quantités. Néanmoins,
les chances d’émission de telles obligations sont désormais très minces, il est
donc fort probable que la participation de la Russie dans le financement du
Fonds européen de stabilisation financière restera assez restreinte et se
limitera à des transactions bilatérales ou liées au FMI.
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