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Les Russes sont de plus en plus nombreux parmi les propriétaires de villas et d’appartements luxueux sur la Côte d’Azur française. C’est également le cas en Espagne, en Italie, à Chypre et en Turquie. Mais selon les spécialistes, si les Russes les plus riches investissent dans l'immobilier des pays développés, ce n’est pas pour y vivre.
Entre 2003 et 2011, le nombre de Russes possédant des villas et des appartements sur la Côte d’Azur en France est passé de 50 à 2000, soit une augmentation de 4000%, selon Sandrine Carsalade, représentante du Comité régional du tourisme et des congrès en Côte d’Azur.
« Parmi les Russes qui se sont rendus en Côte d’Azur en 2010, 9% possèdent un bien immobilier, 23% logent chez des amis et des membres de la famille, 52% séjournent à l’hôtel et 5% dans des appartements », a-t-elle indiqué à l’agence Ria Novosti.
Sandrine Carsalade précise que de plus en plus de Russes visitent la côte méditerranéenne française. En 2010, 180 000 citoyens russes s’y sont rendus, contre 150 000 en 2009, soit une hausse de 20%. Au premier semestre 2011, le nombre de touristes russes sur la Côte d’Azur a augmenté de 36% par rapport à la même période l’année passée. Près de 18% des Russes qui voyagent en France choisissent la Côte d’Azur. D’après Atout France, agence de développement touristique, près de 700 000 Russes ont visité la France en 2010.
« L’âge moyen des touristes russes qui viennent chez nous est de 36 ans. Ils voyagent la plupart du temps en couple et passent en moyenne 11 nuits dans des stations balnéaires. La majorité d’entre eux opte pour des hôtels 4 ou 5 étoiles, mais la tendance de ces derniers temps montre une hausse de la demande pour les appartements moins chers et les chambres d’hôtel 3 étoiles. Alors qu’en 2005, seul 2% des touristes sur la Côte d’Azur faisaient partie de la classe moyenne (employés), ce chiffre est désormais passé à 7% ».
Sandrine Carsalade ajoute que 80% des Russes viennent sur la Côte d’Azur pour les vacances, et 20 % pour affaires. Les villes les plus populaires auprès des touristes russes sont Nice (choisie par 40% d’entre eux), Cannes (20%), Monaco (13%) et Antibes (10%).
La Côte d’Azur, c’est 120 kilomètres de littoral au bord de la Méditerranée, sur lequel on trouve les stations balnéaires les plus tendance de France. Plus de 10 millions de touristes étrangers la visitent chaque année.
Par pour y vivre, mais pour mettre leur argent à l’abri
Selon les experts, les hommes d’affaires russes investissent de plus en plus dans des actifs à l’étranger, et en particulier dans des biens immobiliers de luxe.
Le milliardaire russe et dirigeant du groupe Onexim Mikhaïl Prokhorov a lui aussi voulu acheter une des villas les plus belles et les plus chères de la Côte d’Azur : en août 2008, il a signé un contrat pour acquérir une villa, construite pour le roi Léopold II de Belgique (1835–1909) sur les hauteurs de Villefranche-sur-Mer, et ce pour la somme record de 370 millions d’euros, dont 19,5 millions rien que pour les meubles. Le marché aurait dû être conclu en octobre 2010. Cependant, Prokhorov a changé d’avis entre temps et a demandé qu’on lui rende l’acompte de 39,4 millions d’euros qu’il avait versé à Lily Safra (veuve du banquier milliardaire libanais Edmond Safra), propriétaire de la villa. Mais cette dernière a refusé de rendre l’argent, la justice lui donnant raison ensuite.
Ainsi, selon une étude menée cette année par UBS AG et Campden Media, les riches entrepreneurs ne conservent actuellement que 12% de leur fortune en roubles. La plupart d’entre eux transfèrent leurs actifs au Royaume-Uni et en Suisse. Près de 90% des Russes interrogés cherchaient un bien immobilier à l’étranger pour mettre leur argent à l’abri. Cette étude concernait les entrepreneurs ayant un chiffre d’affaire annuel supérieur à 100 millions de dollars et dont la fortune personnelle dépasse les 50 millions de dollars.
« La Côte d’Azur n’est pas la seule région dont l’immobilier attire l’intérêt des fortunes du Proche-Orient, de Chine, d’Inde et, évidemment, de Russie et de plusieurs pays de l’ex-URSS », indique au journal Vzgliad Stanislav Zingel, président de l’agence immobilière internationale Gordon Rock qui explique que les acquéreurs les plus riches ne sont pas seulement actifs sur le marché immobilier de la Côte d’Azur, mais également sur ceux de Londres, de Paris et de la Suisse, ainsi que de plusieurs États américains comme New York, le New Jersey, la Floride ou la Californie.
Selon les chiffres fournis par Gordon Rock, dans le top 5 des destinations les plus prisées par les Russes pour leurs villas se trouvent la France, l’Espagne, Chypre, l’Italie et la Turquie. Ces chiffres concernent cette catégorie de Russes acquéreurs de biens étrangers qui sont « loin de dépenser leurs derniers sous » dans ces propriétés. Ils ne possèdent pas ces biens pour y vivre, mais plutôt pour protéger leur épargne.
« En règle générale, ces achats se font aujourd’hui dans un seul but : conserver l’épargne en possédant des actifs ou même un ensemble d’actifs immobiliers, qui pourront ensuite être revendus sans difficulté après que la situation sur les marché mondiaux s’est stabilisée », souligne Zingel.
C’est pourquoi la hausse de leurs activités concerne les pays qui ont une économie forte et les villes qui sont historiquement les plus riches. « Cette catégorie d’acheteurs se tourne en particulier vers le Royaume-Uni, la France, la Suisse et une série d’États américains. La Côte d’Azur fait partie de ces régions où l’immobilier fait toujours l’objet d’une grande demande et, par conséquent, attire les gros portefeuilles », ajoute Stanislav Zengel.
Même si les prix des villas sur la Côte d’Azur ont en moyenne légèrement baissé depuis de début de l’année (-3%), Zingel considère que cela n’aura pas d’influence considérable sur la hausse de la demande. En 2011, les offres pour des villas à l’étranger ont augmenté de plus de 40 %.
Stanislav Zingel évoque plusieurs raisons ayant entraîné le regain d’intérêt chez les fortunes russes pour l’immobilier des villes les plus prestigieuses et les plus demandées, en particulier sur la Côte d’Azur : « Premièrement, l’or et l’immobilier constituent des actifs stratégiquement intéressants pour les investissements dans les périodes de grande instabilité sur les marchés des devises et des titres. Deuxièmement, en cas d’incertitude stratégique, comme en ce qui concerne l’avenir de la monnaie unique européenne ou l’agitation autour du dollar, la classe la plus riche essaye de transférer une grande partie de ses liquidités dans l’immobilier ».
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