Cyrille Ier cherche probablement à renforcer son autorité. Crédits photo : RIA Novosti
Le patriarche de l’Église orthodoxe russe, Cyrille Ier, procède à la création d’une douzaine de nouveaux diocèses à travers le pays. Certains considèrent cette mesure comme la plus importante réforme de l’Église russe depuis la chute de l’Union soviétique, tandis que d’autres y voient un moyen subtil de renforcer son autorité.
Poursuivant la réforme territoriale entamée en mars dernier, où huit nouveaux
diocèses avaient vu le jour, dont trois dans le Caucase du Nord, le
Saint-Synode a entériné la création de treize diocèses supplémentaires dans les
régions d’Irkoutsk, Orenbourg, Riazan, Saratov ainsi qu’au Kazakhstan.
Vladimir Vigilianski, le porte-parole du patriarcat de Moscou, a expliqué au
journal Kommersant que cette réforme devrait améliorer la gouvernance des diocèses
en modifiant une structure inchangée depuis l’époque soviétique, où un diocèse
pouvait s’étendre sur plusieurs milliers de kilomètres carrés.
En province, cette réforme a été plébiscitée par les prêtres locaux car elle
permettra aux évêques d’être plus proches de leurs fidèles. « Souvent, le
prêtre ne voit son évêque que quelques fois dans sa vie, et l’évêque, lui,
ignore tout du quotidien de ses paroissiens » , estime le père Andreï, de
l’église de Notre-Dame de l’Assomption à Angarsk. Selon lui, « l’évêque de
Bratsk pourra même superviser certaines régions du nord où il n’y a qu’un seul
prêtre, ce qui représente une économie en déplacements car certains endroits ne
sont accessibles que par hélicoptère ».
John Farina, professeur d’his‑
toire des religions à l’Université George
Mason, trouve que ces réformes témoignent d’un regain de la foi dans la Russie
post-soviétique. « L’ouverture de nouvelles églises est l’un des signes de la
renaissance religieuse parmi tant d’autres » , affirme-t-il.
Pourtant, certains considèrent cette réorganisation des diocèses comme un
moyen pour le patriarche Cyrille, considéré en Russie comme une figure aussi
bien religieuse que politique, d’affermir son pouvoir. Pour Roman Lounkine,
directeur de l’Institut de la religion et du droit à Moscou, « les nouveaux diocèses
vont bien sûr permettre d’améliorer la gouvernance de
l’Église. Mais ces
mesures accroissent aussi le pouvoir du patriarche dans la mesure où les évêques
seront choisis par lui et lui seront loyaux » .
Article initialement publié dans The Moscow Times
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