Un objectif face aux Kalachnikovs

L’exposition des travaux de Iouri Kozyrev en France. Crédits photo : AFR/EASTINEWS

L’exposition des travaux de Iouri Kozyrev en France. Crédits photo : AFR/EASTINEWS

Le photographe russe Iouri Kozyrev a récemment reçu le prix Bayeux-Calvados. Il avait remporté le Visa d’or dans la catégorie « News » pour ses re-portages sur le printemps arabe.
 Iouri Kozyrev

Iouri Kozyrev (Crédits photo : Itar-Tass)

Après la chute de l’Union soviétique, Kozyrev s’est mis à photographier une série de guerres de l’ère post-soviétique en Arménie, en Moldavie, au Tadjikistan et en Géorgie. Depuis lors, il n’a pas cessé d’aller d’un conflit à un autre.
Parcourant le monde sans re­lâche, Kozyrev a acquis la réputation d’un témoin intuitif des drames humains et de l’histoire en marche. Selon Stanley ­Greene, qui travaille à l’agence NOOR avec Kozyrev, « Iouri a placé la barre plus haut dans le domaine du reportage dans les zones de conflit. Grâce à lui, nous avons tous repensé notre manière de couvrir ces événements. C’est un photographe de guerre poétique. Ses images sont pleines d’un lyrisme et d’une poésie que je n’avais jamais vus auparavant… Iouri a les capacités pour devenir l’un des plus grands photographes de guerre » .


Les clichés de Iouri Kozyrev sont profonds et démontrent un sens de la composition d’autant plus étonnant quand on sait les conditions périlleuses dans lesquelles il travaille. Photojournaliste depuis plus de 20 ans, il a couvert les conflits les plus importants de l’espace post-soviétique, et notamment les deux guerres de Tchétchénie. Il a également décrit la chute des Talibans il y a dix ans et vécu pendant près de huit ans à Bagdad avant et après l’invasion américaine, pour revenir à Moscou en 2009.


Mari Bastachevski, un photo­graphe indépendant danois qui a travaillé dans le désert libyen avec Kozyrev au printemps dernier, souligne l’éthique du photographe russe : « Il reste au front jusqu’à 9 heures du soir, et ré­dige ensuite des articles jusqu’à minuit. Et c’est comme ça tous les jours » .


Kozyrev est connu pour vouloir être en permanence au cœur de l’action. Ses photos sont apparues dans un grand nombre de publications, dont Newsweek et La Russie d’Aujourd’hui . La couverture des manifestations antigouvernementales dans les pays arabes pour Time a constitué l’une de ses missions les plus dangereuses. En Libye par ­exemple, il s’est fait tirer dessus ; il a par ailleurs été détenu au Bahreïn et en Arabie saoudite.


En outre, il a perdu des col­lègues, dont ses amis Chris Hondros et Tim Hetherington, deux photographes tués en avril durant une mission dans la ville libyenne de Misrata.


Qu’est-ce qui pousse cet homme de 47 ans à continuer de mettre sa vie en péril ? Andreï Polikanov, directeur de la photographie au sein du magazine Rousski Reporter , attribue à la loyauté et au dévouement inconditionnels de Kozyrev envers le journa­lisme sa capacité à garder intacte la motivation qui le conduit systématiquement sur la piste des conflits et des révolutions.

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