Réglements de comptes au sommet

Crédits photo : Photoxpress

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Ioulia Timochenko, ex-Premier ministre et chef de l’opposition ukrainienne, a été condamnée à sept ans de prison et à une ­amende de 137 millions d’euros, accusée d’avoir signé des contrats gaziers désavantageux avec la Russie. On soupçonne le Président Ianoukovitch d’utiliser la justice contre sa rivale à des fins politiques. Les relations de l’Ukraine avec la Russie d’une part, et avec l’Union européenne de l’autre, devraient en pâtir.

Victoire douteuse

Éditorial
Vedomosti

En utilisant le tribunal pour régler son compte à sa rivale, Ianoukovitch a remporté une victoire indéniable. Mais le prix de ­cette victoire est la dégradation de l’institution judiciaire en tant que pouvoir indépendant. Peut-être Ianoukovitch et Timochenko sont-ils encore en train de négocier en privé et le verdict sera-t-il allégé. Derrière le conflit politique se ­cache une lutte pour les actifs et les intérêts, et l’histoire n’est pas terminée. Mais à la surface, on ne voit que l’emprisonnement d’un concurrent politique. Ianoukovitch a rejoint la bande nombreuse des dirigeants qui, en accédant au pouvoir, envoient derrière les barreaux leurs rivaux d’hier.

La martyre Sainte Ioulia

 


Mikhail Rostovski
Moskovski komsomolets

En envoyant Timochenko en prison, Ianoukovitch lui a infligé une souffrance physique et morale. Mais du point de vue politique, il s’est tiré une balle dans le pied. Les chances de la « martyre » Timochenko de devenir le prochain leader de l’Ukraine se sont accrues considérablement. Rien ne sert de faire peur à Timochenko en l’incarcérant : elle n’a pas hésité à aller derrière les barreaux sous l’ancien Président Koutchma, alors qu’elle était vice-Premier ministre du pays. Et ce séjour l’avait renforcée politiquement, en lui conférant le statut de victime, souffrant pour la vérité, et persécutée par les « mauvais gnomes » de l’administration présidentielle.

L’UE se sent trahie

Elena Tchernenko
Kommersant


« L’Europe ne va pas mettre en danger ses relations avec l’Ukraine au nom de Timochenko » , assure une source au sein du gouvernement ukrainien, « l’UE ne va pas isoler l’Ukraine et la pousser dans les bras de la Russie pour une fonctionnaire corrompue » . Côté européen, on n’est pas du tout d’accord. « L’Ukraine a plus besoin de l’UE que l’inverse » , a déclaré un membre du Parlement européen. La Commission européenne compte sur un règlement de la situation en appel, grâce à la décriminalisation de l’article du code pénal en vertu duquel l’ex-Premier ministre a été condamnée. Kiev a exactement deux mois pour sauver ses relations avec l’UE.

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