Une guerre personnelle

Dans le cadre du Festival Sens Interdit, découvrez une adaptation théâtrale des récites Arkadi Babtchenko sur une expérience personnelle à la guerre Tchétchénie

les 25, 26 et 27 octobre à Lyon

Mise en scène, vidéo et musique - Tatiana Frolova / Scénographie et lumière - Dmitry Bocharov, Tatiana Frolova / Son - Vladimir Smirnov / Traduction et adaptation scénique Sophie Gindt

d’après Alkhan Yourt dans La couleur de la guerre et autres récits inédits d’Arkadi Babtchenko (éditions Gallimard, traduction V. Patte)

Arkadi Babtchenko a tiré un livre de son expérience de soldat pendant la guerre de Tchétchénie. Une guerre infligée à des hommes tout juste sortis de l’adolescence, au sein d’une armée russe servile et inexpérimentée. Sur scène, quatre comédiens interprètent des extraits de son récit. Ils laissent par intermittence la place à des témoignages vidéo de soldats qui nous disent cette expérience douloureuse. Car c’est par les mots, et seulement par ceux-ci, que Tatiana Frolova souhaite montrer la guerre. Sans stéréotypes, loin, très loin des images faussées, bruyantes et spectaculaires, du cinéma. Pour aborder ce sujet que les artistes de son pays censurent d’eux-mêmes, elle donne une image personnelle et intime de la « sensation » de la guerre, telle que perçue de l’intérieur par un soldat. Froid, puanteur, saleté, faim… La mise en scène, sobre et dépourvue d’agressivité, joue sur la sollicitation de nos cinq sens pour nous plonger au cœur de la guerre et en démontrer l’absurdité. Un parti pris courageux pour une mise en scène d’une puissance évocatrice exceptionnelle.

Insidieusement, Tatiana Frolova nous entraîne au coeur du propos de Babtchenko. Au bout d’un moment, toute la salle retient son souffle dans une tension extrême. Jusqu’à la constatation finale de Babtchenko : aucune leçon n’a été tirée de cette guerre. Et lorsque certains affirment qu’il s’agit là du passé, il conclut de manière aussi clairvoyante qu’effrayante : « Ce passé est notre futur. Tenez-vous prêts ! » Et l’on reste cloué dans son fauteuil, terrassé par ses paroles terrifiantes. Et essentielles.

Texte: Le Soir, 7 février 2011

Pour plus d'information: http://www.sensinterdits.org

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