Kalachnikov, un mythe part à la retraite

Mikhail Kalachnikov. Crédits photo : RIA Novosti

Mikhail Kalachnikov. Crédits photo : RIA Novosti

Les commentaires fusent dans les médias russes : le ministère russe de la Défense renonce aux commandes du légendaire fusil d'assaut AK-74, la fameuse kalachnikov.


Un symbole russe


En réalité, les militaires russes n'achètent plus de kalachnikovs depuis quinze ans déjà. La raison est l'engorgement du marché : ces fusils et leurs versions s'amoncellent dans les stocks, aussi bien ceux de l'armée que ceux de l'usine. Les arsenaux du pays affichent complet eux aussi. Selon les experts russes, les stocks peuvent équiper plusieurs armées comme l’armée russe, et même toutes les armées du monde réunies. Cette opinion a été confirmée récemment par le chef d'état-major général des Forces armées russes  et premier vice-ministre de la Défense, le général Nikolaï Makarov.

« Les réserves de mobilisation que possède l'Etat, y compris pour cette arme, sont dix fois supérieures aux besoins », a indiqué le général. Avant d’ajouter : « Les fusils qui sont actuellement en service ne nous donnent plus satisfaction ... ». L'aveu selon lequel la kalachnikov ne satisfait plus l'armée russe, tombé de la bouche du chef d'état-major général, constituait peut-être la principale sensation.

L'AK-74 et ses nombreuses déclinaisons, avec la vodka, Gagarine et le Kremlin ont longtemps constitué la carte de visite de la Russie. La kalachnikov est effectivement  un fusil unique, le plus fiable au monde (il peut résister à tous les temps et à toutes les conditions : poussière, marais, sable, le canon pouvant être nettoyé avec de l'eau). Même une personne non formée peut aisément apprendre à tirer, à la démonter rapidement, à l'assembler,et à la réparer. Rien d’étonnant à ce que la « kalach » soit si répandue dans les pays africains, asiatiques et latino-américains, en particulier dans les formations militaires irrégulières : il suffit de la prendre, d'assembler le chargeur avec les munitions, et vous voilà prêt à tirer.

Face à la concurrence


Certes, l'AK a ses inconvénients. Le principal est la précision de tir, très faible par rapport à d’autres armes du même type. Les deux ou trois premières balles tirées du canon de la kalachnikov font mouche. Le reste part sur le côté en éventail. Pour une brève bataille en ville, une attaque d'infanterie massive sous couvert de blindés et de l'artillerie, c'est une arme très efficace. Mais en cas de duel singulier, ou dans d'autres formes de combat, par exemple lorsqu'il faut effectuer des frappes ciblées contre le nid de mitrailleuse ennemi ou un lance-grenade, mieux vaut opter pour un autre fusil. Et il existe en Russie beaucoup d'armes plus performantes que la Kalachnikov en termes de qualités de combat.

Mikhaïl Kalachnikov lui-même en est conscient. Quand nous lui avons demandé de commenter les informations selon lesquelles de armes meilleures que l’AK auraient vu le jour, il a répondu : « Je sais, mais qu’ils arrivent à la cheville de la célébrité de mon fusil, et alors on en reparlera. »

Une réputation indétrônable

Dans le domaine des armes à feu, il est vrai que personne ne dispute la palme à la kalachnikov.  En plus de 60 ans d'existence a été créée, sur la base de ce fusil d’assaut, toute une famille de systèmes de tir. Tous sont standardisés, identiques dans leur principe de fonctionnement et leur automatisme, ce qui facilite grandement la formation de tir et la réparation des armes. Les composants d'un fusil peuvent facilement être utilisés sur un autre, ce qui signifie qu'il n'y a pas de problèmes d’approvisionnement de l'armée en pièces de rechange.

Dans la gamme des kalachnikovs, outre le fusil proprement dit, sont aussi proposés divers équipements comme des lance-grenades fixés sous le canon, des instruments de visée de nuit et de jour, des munitions spéciales, des chargeurs, des baïonnettes et autres suppléments. Mais le principal, c’est que tous sont conçus conformément au principe de la kalachnikov : simplicité, fiabilité, fonctionnement sans accroc. 

Il est important de noter que le complexe industriel russe peut produire des millions de copies de ce fusil et ses munitions avec une intervention humaine quasi nulle. Renoncer à une telle arme pour une efficacité supérieure de 10%, c’est une décision que ne peut prendre aucun responsable militaire sain d’esprit.

Les fusils d’assaut « Abakan », AEK-971 et AS sont également fournis à l'armée et à la marine, mais en très petits lots, principalement dans les forces spéciales et les unités de renseignement. Leur production de masse pour équiper l'armée entière ne pourrait être décidée que si les Forces armées russes passaient intégralement au recrutement par contrat. Les professionnels feraient preuve de beaucoup plus d’attention et de soin envers leurs armes personnelles que les recrues actuelles.

Une demande toujours forte


En attendant, les fusils d'assaut Kalachnikov restent très demandés sur le marché international des armements. Ils sont achetés par des dizaines de pays, y compris les États-Unis. Il y a plusieurs années, la Russie a vendu 100.000 « kalachs » au Venezuela, et a promis de construire près de Caracas une usine de production de ces fusils et des cartouches destinées à ces derniers.

Les médias ont immédiatement affirmé que la kalachnikov était responsable de la guérilla colombienne. Mais les insurgés ont déjà suffisamment de fusils similaires à leur disposition, qu’ils soient fabriqués en Chine, en Egypte, en Bulgarie, en Pologne ou Dieu sait où. Mais les armées continuent de se fournir en AK car l’arme est plus fiable, l’acier dont est fait le canon ne devient pas brûlant après quelques rafales, comme c'est le cas, par exemple, avec les armes chinoises.

Entrez dans n'importe quel magasin d'armes en Asie du sud-est, en Afrique ou en Amérique latine et vous y trouverez un large éventail de kalachnikovs. Faites confiance aux professionnels : tout fusil coûtant 200 dollars ou plus est de fabrication russe. Tout ce qui est moins cher n’est que contrefaçon.

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