Dmitri Medvedev : « M.Poutine est l'homme politique qui a le plus de poids dans le pays »

Crédits photo : Reuters/Vostock-Photo

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Dmitri Medvedev a expliqué qu'il a renoncé aux présidentielles car Vladimir Poutine a un indice de confiance plus élevé que le sien dans les sondages d'opinion. Cependant, selon le chef de l'État, les résultats des élections parlementaires et présidentielles ne peuvent être connus à l'avance.

Lors de l'interview extraordinaire donnée aux dirigeants des trois principales chaînes de télévision russes, Dmitri Medvedev a expliqué sa décision de ne pas se présenter aux présidentielles et a proposé, à sa place, la candidature de Vladimir Poutine. En effet, leurs objectifs politiques sont similaires, tous les deux représentent la même force politique (le parti Russie Unie), et qui plus est, M. Poutine est « l'homme politique qui a le plus de poids dans le pays » et son indice de confiance est plus élevé.

M. Medvedev a cependant décidé, une semaine après le congrès de Russie Unie qui a approuvé la candidature de Vladimir Poutine pour les présidentielles 2012, d'expliquer pourquoi il ne se présentera pas. Sa déclaration devant le congrès, dans laquelle il se prononçait en faveur de la candidature de M. Poutine, a été ovationnée par les « edinoross » (les membres du parti). « Ces applaudissements traduisent l'importance de l'expérience et du poids politique de Vladimir Poutine », a dit à ce moment M. Medvedev.

Lors de l'interview, le Président a souligné qu'il ne trouve pas de différences entre ses objectifs politiques et ceux de M. Poutine : « Nous avons des points de vue très proches concernant la majeure partie des questions stratégiques. Oui,  vraiment, sur toutes les questions stratégiques, comme tactiques, concernant le développement du pays ». Voilà pourquoi, suivant la logique du Président, la question s'est posée de savoir qui était légitime pour diriger le pays pendant les six années qui viennent.

« Les représentants du parti choisissent qui doit y aller et comment », continue M. Mdevedev, en rajoutant qu'une telle décision devrait être prise, en principe, lors de primaires, par le congrès et par les leaders politiques eux-mêmes. Il a posé à ses interlocuteurs une question rhétorique : « Vous pouvez imaginer une situation où Barak Obama se présenterait contre Hillary Clinton ? »

M. Medvedev ne pense pas avoir déçu les attentes des gens : « Quand je disais que je n'excluais pas cette éventualité, ce n'étaient pas des mensonges, évidemment. La vie pouvait prendre un tournant inattendu, mais nous avions tout de même déjà un accord ».

Les scénarios d'une quelconque compétition avec Vladimir Poutine ont été rejetés par M. Medvedev qui a signalé que de telles « recettes » ont uniquement été avancées par l'opposition ainsi que par « certains politologues ». « Eh bien, je vous affirme que je ne présenterai pas », a déclaré le chef d'État sortant.

« Nous voulons atteindre nos objectifs politiques, remporter les élections parlementaires en décembre, comme les présidentielles en mars, il ne s'agit pas de satisfaire ses ambitions personnelles. L'ambition de tout homme responsable est de servir son pays, j'insiste », a expliqué  le chef de l'État.

M. Medvedev ne pense pas que les résultats des élections parlementaires et présidentielles soient  prédéfinis. Il a qualifié ce genre de déclarations d'« irresponsables, malicieuses, voire  provocatrices ». Les élections, avec la participation de Guennadi Ziouganov, Vladimir Jirinovski  et Sergueï Mironov, ne seront pas une « simulation ».

« Le choix s'opère par le peuple, ce ne sont pas que des paroles, c'est la réalité », assure M. Medvedev. « Tout homme politique peut « perdre » les élections, tout comme son camp politique. C’est l'histoire de notre pays, ainsi que l'histoire de nombreux pays étrangers. Personne n'a aucune garantie. De quelle prédéfinition parlez-vous ?! C'est aux gens de décider pour qui voter, de décider qui a le plus de considération », a répondu le Président sortant à la télévision.

« Seuls nos concitoyens peuvent déterminer le résultat final en votant pour tel ou tel candidat ou tel ou tel parti politique, ou en le rejetant, affirme M. Medvedev. C'est cela, la démocratie ». Le Président sortant a pratiquement cité les arguments du chef de la Commission électorale centrale de Russie, Vladimir Tchourov, qui a également qualifié d’imprévisible, ce lundi, l'issue des élections présidentielles. « Vous n'avez pas posé de question, c'était une affirmation et péremptoire en plus. Je ne suis pas d'accord », a répondu le chef de la Commission électorale centrale à la question sur la prédéfinition des résultats des votes et de la victoire de Vladimir Poutine.

La dernière déclaration de M. Medvedev concernant les élections fut la promesse de ne pas prendre de congé pré-électoral et ne pas préparer de « programme électoral personnel ». « Je suis le chef d'État en fonction, a-t-il rappelé. J'ai de nombreuses tâches à accomplir à l'intérieur du pays comme sur le plan international ».

« Les gens doivent juger l'activité du Président et du gouvernement sur leurs actes », a également déclaré M. Medvedev.


Commentaire : Alexei Grajdankine, directeur du centre analytique Levada

 

Les indices de satisfaction des deux plus hauts fonctionnaires de l'État sont assez proches. 62% des Russes se déclarent satisfaits du président Dmitri Medvedev tandis que la cote de popularité du premier ministre Vladimir Poutine est de 68%. Si M. Medvedev se présentait à l'élection présidentielle, il l'emporterait largement au premier tour. La cote de M. Poutine est cependant plus élevée et quand on demande à la population russe qui elle souhaite voir au poste de président, le nom de l'actuel Premier ministre revient deux fois plus souvent que celui du chef de l'État.

 

 

Depuis juin 2011, la cote de popularité de Dmitri Medvedev chute plus rapidement que celle de son Premier ministre. Mais de janvier à mai 2011, c’est la cote de Vladimir Poutine qui baissait le plus. Cette tendance s'explique par l’activisme politique de Dmitri Medvedev ainsi que par une ambition qui devenait de plus en plus forte. Peut-être plus encore que lui-même, c'est l'entourage du président qui déclarait qu'il devait se présenter pour un second mandat. Ces déclarations ont, dans un premier temps, attiré l'attention d'une partie des électeurs, mais la comparaison avec la cote de popularité du chef du gouvernement joue contre Dmitri Medvedev : quel que soit le problème soulevé concernant le pays, les Russes estiment que Vladimir Poutine sera beaucoup plus efficace.

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