Une interactivité encore factice

Vernissage de l'exposition Dada Moscow à la galerie ArtPlay et Allegoria Sacra, une installation vidéo du célèbre collectif russe AES+F. Crédits photo : Galerie Triumph

Vernissage de l'exposition Dada Moscow à la galerie ArtPlay et Allegoria Sacra, une installation vidéo du célèbre collectif russe AES+F. Crédits photo : Galerie Triumph

La IVe Biennale d’art contemporain de Moscou ouvre ses portes fin septembre sous le signe de la « réécriture des mondes » et d'une popularité grandissante.

Quand une ville, pour une raison ou une autre, commence à se considérer comme le centre du monde, elle se met à organiser des biennales. Or, les véritables leaders économiques et culturels n’ont pas besoin de ce genre d'événements pompeux. Londres et New York s’en passent. Mais pas Moscou. À écouter les artistes et galéristes, l’art contemporain n’est pas apprécié à sa juste valeur en Russie. Néanmoins, depuis 2005, toute la communauté artistique, dans un élan collectif, s’inscrit dans la programmation pa rallèle de la Biennale de Moscou et prépare les meilleures expositions de la saison. 

L’évolution de la Biennale va à contre courant du reste de la société. L'édition 2007 était morose, alors que les artistes avaient eu droit à un lieu prestigieux, la Tour de la Fédération, alors encore en construction. En 2009, alors que la crise avait failli enterrer tout le marché de l’art russe, des sommets de popularité ont été atteints. Le centre d’art « Garage » exposait le très réussit projet « Contre l’exclusion », du curateur français Jean-Hubert Martin. Cette année, le projet principal du curateur Peter Weibel sera exposé au TsOuM et au centre ArtPlay et sera intitulé « En réécrivant les mondes ». Selon Weibel, nous sommes au seuil d’une nouvelle renaissance, grâce à l’interactivité : le spectateur de l’ère du Web 2.0 passe aisément du coté du créateur et en revient, ce qui veut dire que notre avenir, c’est un essor de la créativité. Très attendus seront les oeuvres du dissident chinois Ai Weiwei, le lauréat du Lion d’or de la Biennale de Venise Chris toph Schlingensief et les inté rieurs sophistiqués et bourrés de technologie de la Russe Taïssia Korot­kova.

« Garage » offrira à la manifestation un invité spécial, l’artiste sud-africain William Kentridge, dont les vidéos sur les motifs du Nez de Gogol qui ressemblent aux collages de Rodtchenko, étaient déjà présentes à la dernière Biennale. Parmi les invités, il y aura aussi des Moscovites de souche, le peintre Semen Faïbissovitch et Irina Nakhova avec ses installations. 

Le programme spécial, comme d’habitude, est imprévisible. La galerie Tretiakov exposera les « Otages du vide », c'est-à-dire les artistes de l’éphémère. Les fruits de la collaboration entre les employés de l’institut Kourtchatovski (institut atomique) et les chefs de file de la scène artistique moscovite seront exposés dans le cadre de « Mise en œuvre » au Laboratoria Art & Science Space. La fusion entre la bo hème et les artistes de gauche avec l’immobilier de luxe aura lieu pendant le festival « Art Squat Forum ».

Cette année encore, les nom breuses soirées branchées menacent d’éclipser l’ensemble. La seule chose qui manque, ce sont des applications pour Smart phones qui permettraient aux spectateurs de composer eux-mêmes des projets et réécrire ceux qui veulent réécrire les mondes.

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