La Russie contre le tabac

Crédits photo : Itar-Tass.

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Les autorités russes ont décidé de donner un coup d’arrêt au tabagisme

Les autorités russes ont décidé de donner un coup d’arrêt au tabagisme. Les experts assurent que cette nouvelle guerre (comme toutes les autres) fera sont lot de victimes, surtout parmi les petites entreprises. Et si les citoyens soutiennent la lutte contre le tabagisme, ils sont en revanche moins sûrs quant à l’efficacité des mesures proposées.

 

Le Parlement russe prévoit d’examiner un projet de loi sur la lutte contre le tabagisme dès cet automne. La législation russe s’est toujours distinguée dans ce domaine par son niveau élevé de tolérance. En Russie, fumer est permis quasiment partout et en toutes circonstances. Quant aux restrictions imposées sur la vente du tabac, les mesures sont souvent négligées par la plupart des entrepreneurs. Les médecins travaillent désormais à une réforme radicale. Leur principal argument : les données statistiques.

 

Des sondages réalisés cet été montrent que 70% de la population soutient ce projet de loi, et parmi eux, un nombre élevé de fumeurs (environ 41%). Cependant, concernant certaines dispositions particulières, le niveau de confiance tend à baisser. Ainsi, 55% des personnes interrogées ont déclaré que même si le prix du paquet de cigarette augmentait du double, cette mesure ne les empêcherait pas de fumer.

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, actuellement, 40% de la population russe fume. En comparaison, ils sont 34% au Royaume-Uni, et un peu plus de 17% au Brésil. En termes de nombre de cigarettes consommées, la Russie figure à la 4ème place mondiale (sa consommation annuelle est d’environ 400 milliards de cigarettes), juste derrière la Chine, l’Inde et l’Indonésie, des pays qui dépassent largement la Russie en nombre d’habitants.  Et comparé à l’Europe, le tabac est beaucoup plus abordable en Russie. Pour un paquet de cigarettes, qui coûte à un Européen aux alentours de 4 euros, un Russe paye environ 1 euros.

 

Selon le plan du ministère de la Santé, dès 2013, les cigarettes devraient avoir totalement disparu des kiosques de rue, et leur vente ne sera autorisée que dans les grands magasins. De plus, les paquets ne seront plus affichés en vente : les vitrines de tabac seront remplacées par une liste indicative de marques et de prix. A partir de 2014, le gouvernement prévoit d’interdire la cigarette dans les gares et les aéroports, ainsi qu’aux arrêts des transports publics. La cigarette devrait aussi être complètement bannie des bars et des restaurants. Et pour fumer dans les cages d’escalier des immeubles d’habitation, il faudra obtenir le consentement de tous les habitants de l’immeuble. Par ailleurs, ces restrictions ne s’appliqueront pas seulement aux cigarettes, mais à tous les produits contenant de la nicotine, y compris le narguilé, le tabac à chiquer ou à priser (voir notre infographie pour plus d’informations).

 

 

Les grandes entreprises de tabac ont accueilli l’initiative du ministère de la Santé avec le plus grand calme. La plupart sont déjà passées au travers de ces réformes dans la majorité des pays européens, et la pratique a montré que les campagnes anti-tabac ne sont pas fatales au business du tabac. En revanche, les représentants des petites entreprises se sont montrés particulièrement hostiles au projet. Pour les propriétaires des kiosques de rue, la cigarette représente près de 50% du chiffre d’affaire. Les partisans de la réforme déclarent, en réponse, que le gouvernement n’est pas concerné par des business bâti sur la vente de telles substances.

 

Pourtant, les arguments des partisans de la réforme à l’encontre des petites entreprises ne résolvent pas l’ensemble des dommages causés. Dans les années 80, les tentatives des autorités de limiter la vente de l’alcool a conduit au développement d’un marché parallèle et des produits de contrefaçon. Le directeur de l’Institut pour la politique sociale de la HEC de Moscou Sergueï Smirnov craint que le scénario ne se reproduise. « Il ne s’agit pas seulement de l’importation illégale de cigarettes en provenance de Chine, mais de l’irruption de micro-fabricants illégaux sur le marché avec des produits qui ne respectent pas la norme », explique-t-il. « C’était déjà le cas avec l’alcool, et c’est ce qui va se produire avec le tabac, dont la production est encore plus facile », souligne l’expert.

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