Gardez quelques roubles

Crédits photo : Itar-Tass

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Hourrah ! Après avoir fidèlement servi son entreprise des années durant, notre ami Jean-Pierre a obtenu une promotion : le voilà nommé responsable du bureau de New York. C’est avec un mélange de joie et de tristesse qu’il quitte cette Russie où il vit depuis cinq ans.

Mais on ne quitte pas ce pays si facilement. Jean-Pierre croyait faire un déménagement tout simple : les cartons seront envoyés par bateau jusqu’à New York ; quant à lui, il s’envolera pour les USA avec sa petite valise et le cœur léger.

Un coup de fil de l’administration des douanes russes le ramène cependant à plus de rationalité : son conteneur est bloqué dans un entrepôt, il doit prouver que ses objets personnels n’ont pas été achetés en Russie, mais bien apportés de France. À défaut de quoi, tout – meubles, fringues, bouquins – sera détruit d’ici 48 heures. Heureusement, Jean-Pierre connaît désormais la Russie. Une petite visite au fonctionnaire sourcilleux, une bonne bouteille de cognac et une enveloppe discrètement laissée sur la table, et le conteneur est désormais en règle.

Pour l’appartement, ça a été moins facile. Trop honnête, Jean-Pierre a donné à la proprio un préavis d’un mois. Le lendemain, la marâtre investissait les lieux pour commencer des travaux d’envergure, grâce aux milliers d’euros mensuellement versés par Jean-Pierre, afin de relouer l’appartement encore plus cher.

Heureusement, Jean-Pierre connaît désormais la Russie. Le cadeau discrètement laissé sur la table, et l’ingrate veut bien patienter encore quelques semaines.

Après une petite fête organisée en son honneur, c’est l’heure de partir. Un dernier coup d’œil à cette ville, une dernière balade dans le quartier, et le voici à l’aéroport. C’est sûrement l’émotion : ce sot a paumé sa carte de migration et l’officier bloque la sortie. Heureusement, Jean-Pierre connaît désormais la Russie. Allez savoir d’où lui venait cette intuition, il avait gardé une petite liasse de roubles en poche, plus utiles au fonctionnaire zélé qu’à notre néo-New-Yorkais.

François Perreault est expatrié à Moscou depuis cinq ans.

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