Titre :
Alexandre Soljenitsyne. Le Courage d’écrire
Sous la direction de
Georges Nivat
Édition
des Syrtes
Traduit par
Mahaut de Cordon-Prache
Dans les années 70, un homme, Alexandre Soljenitsyne tient tête, seul,
des semaines durant au régime soviétique. Il choisit de ne pas se rendre
à Stockholm pour recevoir son prix Nobel de peur de ne pouvoir
retourner dans son pays. En 1974, il est déchu de sa nationalité et
expulsé. Son arrivée à l’Ouest est un événement sans précédent.
L’ouvrage,
paru à l’occasion de l’exposition de la Fondation Martin Bodmer dont il
constitue le catalogue, enrichi par de nombreux extraits d’articles, de
textes de l’auteur et de nombreux documents inédits, retrace, en même
temps que la vie de l’auteur, la genèse d’une œuvre monumentale. On
s’étonnera de trouver, miraculeusement préservés, des documents sur
l’enfance, des écrits d’adolescence, des photos prises par Soljenitsyne
lui-même lors de sa relégation. Émotion devant les attestations de
libération. Celle où le nom de Soljenitsyne est manuscrit sur un
formulaire : combien d’attestations semblables ont dû être délivrées ?
Celle du Tribunal suprême de l’URSS : sur un tiers de page de format A4,
cinq ou six lignes datées du 11 février 1957 :
« l’ordonnance de la commission spéciale du NKVD de l’URSS du 7 juillet
1945 visant Soljenitsyne Alexandre Issaïevitch est annulée et son
dossier clôturé en l’absence de fait constitutifs du délit ».
Quelques lignes, impuissantes à effacer des années de camp et de
relégation, pour rétablir la vérité et qui résument un pan de vie.
Aux côtés d’articles de fond, on retrouve, au fil des pages, tous ceux
qui ont compté dans cette histoire-là : codétenus et gens de lettres,
comme Lydia Tchoukovskaia ou la poétesse Anna Akhmatova, victimes à
travers leurs proches de la répression, traducteurs, éditeurs et
slavistes qui ont contribué à faire connaître l’œuvre étouffée en
URSS.
La confrontation avec le monde occidental engendrera une déception
réciproque et sans surprise. Désenchanté par le monde qu’il découvre,
Soljenitsyne fustige la démocratie, l’Occident tombe en désamour.
Soljenitsyne ne sera pas la caution emblématique espérée pas plus que
ne le sera Zinoviev plus tard.
Ceux qui n’ont pas oublié cette lutte exemplaire trouveront à travers
tous les documents compilés une mise en perspective qui les aidera à
donner sa juste place à l’auteur de
L’Archipel du Goulag. Les plus jeunes eux, trouveront dans une vie de lutte pour survivre au
bagne, au cancer, à l’arbitraire du pouvoir et au pouvoir même, matière
à espérer.
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