Au Festival du film de Moscou la Russie était représentée par deux films

Un cadre du film « Chapiteau-Show ». Photo : kinopoisk.ru

Un cadre du film « Chapiteau-Show ». Photo : kinopoisk.ru

Au Festival du film de Moscou la Russie était représentée par deux films. Pour la première fois de son histoire, le Festival international du film de Moscou, dans sa 33e édition, a été présidé par une femme, Géraldine Chaplin. La Russie était représentée par deux films dont l’un a remporté le second prix le plus prestigieux, le Prix spécial du Jury.

Chapiteau-Show de Sergei Loban est un film-devinette, un film charade, composé de quatre tableaux. L’amour : une jeune fille sympathique mais solitaire entraine un geek associable qu’elle a rencontré sur internet au bord de la mer, dans le tourbillon d’une ville balnéaire. L’amitié : un jeune homme sourd troque ses amis, sourds eux aussi, pour partir vers la mer en compagnie d’une bande déjantée de gens de la télé. Le respect : un père réapparu après huit ans d’absence convainc son fils de descendre vers le sud, vers la mer, pour un voyage de redécouverte de soi. La collaboration : un producteur malin décide de promouvoir le sosie d’une star défunte du rock russe, Victor Tsoï, et le ballade comme une marionnette dans les salles de concert vides d’une ville de bord de mer. En fait, il n’y a qu’un (anti) héros dans l’histoire : une personne qui se retrouve dans un univers qui n’est pas le sien, seulement pour faire le terrible constat qu’elle a été bernée, que cet arrachement n’est pas salvateur, mais humiliant et destructeur. Les personnages principaux de chaque chapitre deviennent les figurants des trois autres, en donnant au film une unité de temps et de lieu vertigineuse, renforcée par le leitmotiv du chapiteau, un lieu où chacun se retrouve à un moment ou un autre pour chanter son désarroi, et qui finit par brûler, comme les illusions des personnages.

 

Chapiteau-Show est l’envers grimaçant des relations humaines, la réalité y flirte en permanence avec l’absurde, chaque tragédie personnelle est totalement dévalorisée par celle du voisin. Le film a été le favori du festival et lors de la cérémonie de clôture, Géraldine Chaplin a proposé avec instance ses services au réalisateur.

 

L’autre concurrent russe, Le boomerang du cœur, a eu nettement moins de succès. Il faut dire que le long-métrage de Nikolaï Khomeriki, dont les films précédents ont été sélectionnés à deux reprises par Un certain regard au Festival de Cannes, traite lui aussi de l’absurdité de la vie, mais dans un mode beaucoup moins rocambolesque et attrayant. Son héros, Kostya, jeune aide machiniste, apprend qu’il est en parfaite santé, mais que son cœur peut lâcher à n’importe quel moment. Voila toute l’intrigue. Il ne se passera plus grand-chose dans l’heure et demi qui suit. Kostya n’est pas loquace, son visage est inexpressif. Il déambule dans un décor indéfini, mêlant en noir et blanc les rues de Moscou et le métro de Saint-Pétersbourg ; on ne sait jamais vraiment quelle heure il est. Le gens, les lieux, les non-évènements de la vie de Kostya ne sont pas hiérarchisés, tout a l’air inutile et fortuit. Peut-être que Khomeriki voulait montrer qu’en fait, contrairement à l’idée commune, le jour où tu apprends que tu es mortel n’est pas le premier jour du reste de ta vie, mais une journée comme une autre, inscrite dans la vacuité de l’existence.

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