Les Russes représentent 23% de la population du Kazakhstan.Crédits photo : Anzenberger/Fotodom
À
Almaty, le parc Panfilov est un endroit de prédilection pour passer un
après-midi d’été. À l’ombre de la cathédrale de Jenkov, la deuxième plus
haute construction en bois au monde, des foules d’adolescents et de
jeunes familles kazakhes chantent au karaoké, mangent des glaces et
tentent leur chance aux attractions foraines. Les femmes qui entrent
dans la cathédrale en nouant un foulard autour de leur tête sont
majoritairement issues de la population russe vieillissante.
La
composition ethnique du Kazakhstan a changé drastiquement depuis
l’indépendance. Les Kazakhs étaient alors minoritaires dans leur propre
pays. Deux décennies plus tard, la population du Kazakhstan est composée
de 63,1% de Kazakhs et seulement 23,7% de Russes.
L’exode était
massif durant les années 1990. Il se poursuit, mais à un rythme
désormais très lent. La population russe est vieillissante, leur
natalité est moindre que celle des Kazakhs.
Le Kazakhstan était un
cas à part au sein de l’ex-URSS. Avant qu’une frontière ne soit établie
entre la Russie et le Kazakhstan, presque rien ne distinguait le nord de
la république et la Sibérie méridionale.
Les libertés politiques
sont certes limitées au Kazakhstan mais la nécessité de maintenir la
paix s’est soldée par une politique des nationalités qui, sans contenter
tout le monde, est reconnue pour être sensée et tournée vers l’avenir.
Nadejda, professeure de russe à Almaty, assure que les Russes et les
Kazakhs vivent en paix.
« Mais les politiques ont changé »
, ajoute-t-elle.
« Avant, les Russes étaient le grand frère qui aidait le frère cadet. Aujourd’hui tout est renversé »
.
Néanmoins, quelques Russes occupent de hautes fonctions
gouvernementales, notamment le premier ministre Karim Massimov (d'ethnie
Ouïghoure) et le gouverneur de la banque centrale Grigori Martchenko
(d'origine ukrainienne).
« Bien que la constitution place le russe à égalité avec le kazakh, les lois et programmes de la « kazakhisation »
, depuis 2001, accroissent l’utilisation du kazakh comme langue
principale du gouvernement , indique un rapport du Groupe international
du droit des minorités (MRGI).
« C’est un obstacle pour accéder à l’éducation et à l’emploi dans la
fonction publique pour une partie significative de la minorité russe ».
Inversement, tandis que la culture russe a imprégné le Kazakhstan durant
les trois derniers siècles, les Russes d’Asie centrale ont également
absorbé les coutumes locales telles que l’hospitalité généreuse et
l’habitude de boire le thé dans des « pilouchki » (des petits bols).
« Nous ne sommes plus des Russes, mais pas encore des Kazakhs »
, dit Nadejda.
Alors que le Kazakhstan se porte mieux
économiquement que le reste de l’Asie centrale, les Russes ont des
raisons de rester. Les perspectives d'emploi sont meilleures à Almaty
que dans les villes sibériennes dans lesquelles on encourage les Russes à
s’installer. Toutefois, la situation démographique du Kazakhstan
évolue. Le déclin de la population russe et la domination croissante de
la langue kazakhe indiquent que la question se réglera sans intervention
des autorités. Les Russes qui restent au Kazakhstan sont voués à
l'absorption.
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