Russes, morts pour la France

Sur les quais de la Seine, non loin du pont Alexandre III, un nouveau symbole de l’histoire commune de la France et de la Russie a vu le jour. Le 21 juin, sur la place du Canada, à Paris, a eu lieu l’inauguration d’un monument « à la mémoire des soldats et officiers du corps expéditionnaire russe ayant combattu sur le sol français entre 1916 et 1918 ».

« Aujourd’hui, ce monument contribue à rendre à ces hommes la place qu’ils méritent dans notre histoire. Il préserve la mémoire des soldats russes qui payaient de leur vie leur engagement au service de notre liberté. Ces braves symbolisent notre fraternité d’armes et au-delà il symbolisent l’unité retrouvée du continent européen », a déclaré le Premier ministre français François Fillon, lors de la cérémonie d’ouverture.

Sur cette même place, il y a 95 ans, un détachement du corps expéditionnaire russe participait au défilé du 14 Juillet 1916, avant d’être envoyé au front avec quelque 20 000 soldats et officiers russes, durant l’une des périodes les plus sanglantes de la Première guerre mondiale. Une époque particulièrement critique pour la France et ses alliés.

Les brigades russes sont envoyées en Champagne. En avril 1917, tous les régiments participent à l’offensive de Nivelle. Ils attaquent les positions allemandes au nord-ouest de Reims, capturent plusieurs sites stratégiques, et font près d’un millier de prisonniers. Mais les pertes sont énormes: 8 000 hommes tués, blessés ou disparus. Pour les exploits militaires et leur héroïsme, les troupes russes sont citées à l’ordre de l’armée.

A cette époque, la Russie entre dans une période de crise politique et de discorde. Après la prise du pouvoir par les bolcheviks, la majeure partie des troupes russes restantes seront rapatriées à Odessa en 1919. Mais une poignée de soldats, 400 hommes, décident de rejoindre l’armée française et y forment la légion russe d’honneur. « De nos jours, trop peu de concitoyens, aussi bien en France qu’en Russie, connaissent cette épopée. Le temps était venu de rendre solennellement hommage au courage de ces soldats, eux qui combattaient en portant le casque français frappé de l’aigle bicéphale. Beaucoup trouvèrent la mort loin de leur patrie et reposent dans la terre de France qu’ils ont contribué à sauver de l’envahissement », a déclaré François Fillon.

Exprimant sa gratitude envers les dirigeants de la République française, du maire de Paris et de tous ceux qui ont participé à la création de ce monument, le Premier ministre russe Vladimir Poutine a rappelé que, pendant la période soviétique, plusieurs pages de l’histoire de la Russie ont été arrachées, réécrites selon des schémas idéologiques simplifiés. « Aujourd’hui, nous revenons pas à pas à notre patrimoine historique dans sa totalité. Et notamment à ces évènements injustement oubliés de la Première guerre mondiale. Nous devons nous souvenir de ces leçons, et nous comporter avec respect, de façon responsable, à l’égard de notre passé commun », a affirmé Vladimir Poutine.

L’initiative du mémorial avait été soutenue par les Premiers ministres de la France et de la Russie lors de la 14ème session du séminaire intergouvernemental franco-russe à Rambouillet, le 27 novembre 2009. C’est le célèbre sculpteur russe Vladimir Surovtsev qui a remporté le concours organisé par le ministère français de la Culture et de la Communication pour la création du mémorial. En France, il s’agit du quatrième monument à caractère militaire créé par ce talentueux sculpteur russe.

Toutes les photos de Maria Tchobanov.

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