La Russie, candidate à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), a décrété un embargo sur les légumes en provenance de l’Union européenne. Cette riposte, disproportionnée pour les Européens et pour bien des Russes, intrigue. Et si derrière le souci sanitaire légitime se cachaient des intentions démagogiques (les élections approchent), voire des mesures protectionnistes ?
Entre de bonnes mains
La rédaction
Vedomosti
Quelle chance que la Russie ne soit pas membre de l’OMC ! C’est ce qui
nous sauvera des terribles légumes européens. Nous avons la chance de
vivre en Russie, où notre médecin en chef nous a maintes fois sauvés du
vin moldave ou géorgien, du poulet américain au chlore et de la grippe
porcine et aviaire. Aurait-il pu en faire autant si l’on pouvait
contester ses actes devant un tribunal indépendant ? Pas sûr. L’embargo
sur les légumes, c’est bien, mais pas assez. Comme nous le disent les
médecins, l’E. coli est aussi un problème de mains sales. Tant qu’on y
est, il faudrait aussi interdire l’importation de mains européennes, et
ceux qui s’y rattachent.
Simulacre de sang-froid
Éditorial
gazeta.ru
Derrière cette répression commerciale pourrait se cacher une volonté
préélectorale de jouer l’atout « on prend soin du peuple », tout en
décochant une taloche démonstrative à l’Occident arrogant. Ce soupçon
est renforcé par le sang-froid dont notre pouvoir fait toujours preuve
dans des situations tout aussi dangereuses qui surgissent sans cesse
dans notre pays. Mais contrairement à l’E.coli, les tonnes de produits
avariés dans les supermarchés et les empoisonnements massifs récurrents
dans les écoles ne deviennent pas des événements sensationnels. Ils ne
débouchent même pas sur des sanctions à l’encontre des instances de
contrôle sanitaire.
La guerre des salades
Mikhail Rostovsky
Moskovski Komsomolets
Les Européens ne trouvent pas les causes de l’infection qui ravage leur
continent, mais ils s’indignent de ce que la Russie refuse ses légumes ?
! La norme veut qu’un candidat à l’OMC doive en respecter les règles
avant même d’y pénétrer. Ils exigent que nous les respections déjà, mais
les respectent-ils, eux-mêmes ? Est-ce normal qu’un pays comme la
Russie marine depuis des années dans le statut humiliant de « candidat
éternel »? Mais cette guerre des légumes est à prendre au sérieux. Nous
savons que quand le Kremlin se dispute avec tel ou tel ex-pays
satellite, sa production agricole cesse généralement de répondre à nos
normes sanitaires !
Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.