A la veille de la réouverture du planétarium, sa directrice scientifique, Faïna Roubleva, prépare les étudiants de l’Institut Sternberg à jouer le rôle de guides, et renoue ainsi les liens intergénérationnels. La capitale a vu grandir des Moscovites qui avaient entendu parler du planétarium, mais qui n’avaient jamais pu y mettre les pieds. Mme Roubleva est le témoin de la longue et douloureuse histoire, ces 17 dernières années, du planétarium de Moscou. Elle y travaille depuis 32 ans, et c’est la seule employé qui y est restée depuis sa fermeture pour travaux en 1994.
La guerre des étoiles
Lors de l'ouverture du planétarium,construitsur décret duMossovet (conseil de Moscou)de1929, Maïakovskiécrivitun poèmesurce qu'il appela le « théâtre des étoiles ». La créationdupremier planétariumd'Unionsoviétiqueconstituaitun événementmajeur.Lepaysn'avait rien àmanger, maisleprolétairepouvait désormais observerle cielétoilé. Chaque année, le programme de la coupole stellaire s'élargissait et se complexifiait à tel point que les constellations du 5, rue Sadovaia-Koupinskaia, devinrent le principal spectacle de la ville : un divertissement visuel pour les masses. Sous la coupole, les nuages se déployaient, la voûte céleste brillait, les comètes fusaient. On y observait des éclipses de soleil, ou encore la traîne de feu de la fusée de Tsiolkovski. A la fin de la séance, une musique épique accompagnait l'apparition d'un « soleil soviétique ». Pendant la guerre, le planétarium ne ferma ses portes au public que pendant deux mois.
A la chute de l'Union soviétique, la vie du planétarium entra dans une période sobrement décrite, dans les documents du service de presse actuel, par ces mots : « les années passèrent ». En1994, leshowmanethomme d'affairesIgorMikitassovacquit 50% du capital de la société par actionsnouvellement créée : Planétarium de Moscou. Mikitassovvoulaitmettre en place,sur la basede l'établissement,un « centre scientifique et de divertissement »moderne, composé de restaurantsetautresattractionscommerciales. Il fit fermerlebâtimentpourrestauration. FaïnaRoublevase souvientcomment, immédiatement après la fermeture, elle transféra avec ses septcollèguestoutes lespièces, documents, archives et globesréalisés sur place, et mêmelesvieux projecteurs du cielétoilé,dansl'ailevoisine, oùilsfurent gardés par leur groupe d'enthousiastes qui se réduisait d'année en année.
L'argentdeMikitasovtarit rapidement,la recherched'investisseurs se transforma en conflitavec l'intermédiaire de la banqueet se termina en poursuites judiciaires. Par la suite, une véritableguerre des étoiles débuta autourdu planétarium. Elle s'acheva par la remise de100%des actions àla ville, qui mitMikitassov à l'écart et qui investit3 milliards de roubles (75 millions d’euros) dans la reconstruction du planétarium. Mikitassovqualifia lasituationd'extorsion etquitta lepays. Leplanétariumne se sortit, en tout cas, que mieux de cette arrivé soudaines de fonds publics. L'ensemble de lareconstructionse résuma àun rehaussement de6mètreset àl'érectiondedeuxnouvelles tours remplaçant l'ancien observatoire.
Univers interactif
Les concepteurs ont cherché à créer un centre moderne : les babouchkas du vestiaire ont été remplacées par des cintres se déplaçant sur des rails, un cinéma 4D et des ascenseurs pour handicapés. En entrant dans le bâtiment, on tombe directement sur le musée Uranium, constitué par les pièces précieusement conservées par FaïnaRoubleva. Le deuxième niveau du musée présente une collection de véritables météorites. Les employés annoncent fièrement que chaque pierre possède une licence attestant son authenticité. Plus haut, l'alpha et l'oméga du théâtre stellaire : une coupole de 25 mètres de diamètre et d'une surface de 1 000 mètres carrés. Au centre de la salle, s'élève le projecteur de Zeiss : Universarium M9, qui permet d'observer, grâce à ses 32 objectifs, 9 100 étoiles. Le public veut du spectacle, alors comme par le passé, des sujets de 50 minutes sur les galaxies et les constellations leur seront présentés.
Le toit du planétarium accueille une aire astronomique qui sera ouverte de la fin du printemps au début de l'automne. Ici, les enfants viendront comprendre, de façon interactive, le fonctionnement du monde qui les entoure. Mais l'endroit attire déjà des visiteurs de tous âges : guides, ouvriers et femmes de ménage.
Sur le modèle des musées scientifiques européens, le nouveau planétarium met l'accent sur l'apprentissage par le divertissement. La direction a même ressuscité les bons vieux « cercles astronomiques » qui seront ouverts chaque année aux élèves de 11 à 12 ans pour des cours du soir de 2 heures par semaine, pendant trois ans. Après les examens finaux, ceux qui le désirent pourront travailler l'été au planétarium comme guides ou encore réaliser des expériences à l'observatoire.
Les rangs d'astronauteset d'astronomes grossiront-ils après chaque visite auplanétarium ?Ce qui est certain, c'est que la réouverture, àMoscou, d'un endroitoùil est possible dedétruirePlutonouSaturne en quelquescoupsd'astéroïdes, sur fond depromessesd'innovation du gouvernement,est uneprouesse d'envergure spatiale.
En savoir plus : Bienvenue au Planétarium de Moscou ! (+Diaporama)
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