Crédits photo : Service de Presse.
On connaissait déjà la ville aux sept collines, celle aux mille clochers. Tcheliabinsk pourrait être surnommée celle aux dix mille cheminées… d’usines. Située juste derrière la chaîne de l’Oural, à l’entrée de la Sibérie, la ville est connue pour ses usines qui crachaient tanks, tracteurs et bulldozers à un rythme inégalé jusqu’à l’effondrement de l’URSS. Tcheliabinsk se réadapte lentement aux réalités économiques actuelles et mise sur les hautes technologies pour se diversifier et sortir du marasme.
Le coup de pouce est venu du groupe américain Emerson Process Management, qui a inauguré le 12 avril dernier un laboratoire baptisé PlantWeb destiné à la recherche appliquée et à la formation des étudiants de l’Université d’État du Sud-Oural (UESO) aux technologies d’automatisation et de commandement à distance et sans fil d’usines de toutes tailles. Emerson a déjà investi 50 millions de dollars dans un laboratoire au sein de l’université. Simultanément, le groupe américain a renforcé sa présence industrielle dans la région en ouvrant une nouvelle ligne pour la production de capteurs et de compteurs à pression, des équipements utilisés dans de nombreuses industries. Emerson est présent dans la région de Tcheliabinsk depuis 2004, date à laquelle le groupe a racheté Metran, le principal producteur russe de compteurs à pression.
Le PDG d’Emerson David N. Farr était sur place pour l’inauguration, qui coïncidait avec la conférence « Journées de l’innovation », organisée par le gouverneur régional Mikhaïl Iourevitch. Très confiant dans ses opérations russes, David N. Farr a expliqué vouloir « investir dans les cerveaux. C’est ça le plus important. Nous investissons dans l’éducation ». Il ambitionne de développer des partenariats avec d’autres universités russes.
Ce type de partenariat, courant aux États-Unis, est une première en Russie, où grandes universités et grandes entreprises se regardent le plus souvent en chiens de faïence. Ces dernières se plaignent du fait que les universités forment des étudiants selon des technologies complètement dépassées et décalées par rapport aux demandes du marché. Les universités craignent d’être instrumentalisées mais souffrent en même temps de sous-investissement.
Le recteur de l’UESO, Alexandre Chestakov, se félicite du partenariat avec Emerson qu’il qualifie de «gagnant-gagnant ». Selon lui, l’UESO met en place un modèle « pionnier » pour les universités russes, et rappelle que l’UESO a également la particularité d’avoir monté un centre de compétences avec le fabricant de puces américain Intel : « Nous sommes la seule des 38 universités d’État russes à posséder un super-ordinateur d’Intel de dernière génération ». Tcheliabinsk réussit donc l’exploit de mettre sur pied un « mini-skolkovo » (en référence à la future technopole moscovite ultra médiatisée). Sans publicité et quasiment sans aide fédérale. Un exemple qui devrait faire des émules.
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