Russie et G8 : unis contre la drogue

Crédits photo : Maria Tchobanov.

Crédits photo : Maria Tchobanov.

Les pays du G8, dont la Russie fait partie, unissent leurs efforts en matière de lutte contre le principal fléau criminel de notre temps sur la scène géopolitique : le trafic de drogues

Paris a accueilli les 10 et 11 mai une réunion des chefs des départements antidrogue des pays du G8, consacrée à la lutte contre le trafic transatlantique de cocaïne. Des représentants d'organisations internationales ainsi que les délégations de 24 pays directement confrontés au problème du trafic de drogue participaient à la rencontre.

 

La réunion s'est déroulée dans le cadre des préparatifs du sommet du G8 de Deauville, prévu les 26 et 27 mai. A l'initiative de la France, les participants y évoqueront pour la première fois le problème du trafic de stupéfiants non seulement transatlantique, mais aussi à l'échelle mondiale.

 

Le chef de la délégation russe, le directeur du Service fédéral russe pour le contrôle des drogues (FSKN) Viktor Ivanov, a présenté lors de la session le rapport « Réseaux criminels et instabilité politique ».

 

Le responsable s'est dit préoccupé par le fait que le trafic de drogue mondial ne soit toujours pas la cible d'actions globales de la part des Etats du Groupe des 8. « Il n'est même pas mentionné parmi les menaces mondiales dans la Déclaration du Millénaire de l'ONU, document fondateur. Nous estimons qu'il faut qualifier les flux de drogue mondiaux, en vertu du chapitre 7 de la Charte des Nations unies, de menace à la paix et à la sécurité », a déclaré le chef du Service.

 

Viktor Ivanov a salué les efforts tenaces de la France pour créer une coalition anti-drogue et a noté avec satisfaction que le plan d'action et la déclaration politique approuvés lors de la réunion tenaient compte des souhaits de la Russie, qui a pris une part active à l'élaboration de ces documents au niveau des experts.

 

Alors qu'il présentait le 11 mai le rapport Europe et Russie : les menaces d'un enlisement en Afghanistan à l'Institut français des relations internationales (IFRI), Viktor Ivanov a appelé à l'élaboration d'actions communes consolidées pour venir à bout du trafic de drogues au niveau mondial. Ces mesures doivent compléter le travail déjà en cours aux niveaux local et régional.

 

Il s'agit en premier lieu de l'élimination de la production de matériaux biologiques destinés à la fabrication de drogues. Un autre thème très prometteur, selon Viktor Ivanov, est la création d'une agence russo-européenne ou d'une commission sur l'élimination de la production de drogue afghane, qui sera en mesure d'accomplir cette tâche en cinq ans.

 

« Le budget de l'Afghanistan est estimé à 12 milliards de dollars, dont 10 provenant de dons, tandis que l'héroïne génère 65 milliards de dollars. C'est pourquoi, lors du Conseil OTAN-Russie (en 2010, ndlr), j'ai affirmé qu'il fallait exploiter notre présence sur le terrain, étant donné que nous nous sommes occupés du sort de cet Etat qui souffre depuis longtemps, pour lutter contre la production de drogue. L'OTAN a répondu que cela relevait du gouvernement afghan. Mais ce dernier ne résoudra jamais ce problème, qui possède un écho sanglant en Europe et en Russie. Les trafics d'héroïne et de cocaïne en direction de la Russie et de l'Union européenne atteignent près de 1.000 tonnes par an chacun », a ajouté le chef du FSKN.

 

Selon l'ONU, l'Union européenne est le leader mondial pour les volumes d'héroïne afghane consommés. La Russie arrive en deuxième position. Le trafic de drogue mondial atteint 800 milliards de dollars par an, soit plus que ce qu'engrange l'ensemble de l'industrie automobile dans le monde, le niveau approchant le chiffre d'affaires du secteur pétrolier et gazier. « Il s'agit d'un argent exclusivement criminel. La lutte pour l'accaparer se fait par le sang, les attentats, et des diktats politiques. Les flux du trafic de drogue sont devenus le sujet criminel dominant de la géopolitique, avec des ressources humaines, technologiques et financières gigantesques qui bouleversent l'espace politique et économique mondial. Nous ne devrions pas sous-estimer le danger que représente le trafic de drogue global », a souligné Viktor Ivanov.

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