Le Président Dmitri Medvedev redoute que l’élimination d’Oussama Ben Laden n’ait des répercussions sur la sécurité dans son pays, Al-Qaida opérant aussi sur le territoire russe. La presse s’interroge sur les effets réels de cette décapitation du « terrorisme mondial », sur la capacité du monde à affronter le nouvel ordre (ou désordre) qu’il a instauré et sur l’avenir du djihadisme.
Une mort symbolique
La rédaction
Vedomosti
En Russie, nous savons que la liquidation d’un Bassaïev n’a pas réduit
la terreur dans le Caucase du Nord. La structure en réseau du terrorisme
moderne ne repose pas sur une direction centrale - les combattants sont
financés par des sources différentes et visent des objectifs ciblés. La
mondialisation est aussi celle des méthodes et les kamikazes du métro
moscovite ressemblent à ceux qui faisaient exploser les bus israéliens
il y a 20 ans. Ils n’ont rien à voir avec Al-Qaida et n’ont pas
d’objectifs planétaires. La déclaration de guerre au terrorisme mondial
remonte à George Bush mais le symbole de ce terrorisme a été éliminé par
Barack Obama.
Un personnage secondaire
Fedor Loukianov
gazeta.ru
Ben Laden a créé l’image de l’ennemi idéal, du mal absolu. Tout
gouvernement raisonnable se devait de soutenir les Américains dans leur
volonté d’en débarrasser la planète. Le leadership des États-Unis, après
la fin de la Guerre froide, a revêtu une forme concrète. Dix ans plus
tard, le « terrorisme international » quitte la scène politique, mais
les questions qui troublent l’ordre mondial ne sont pas résolues. Les
institutions internationales du XXème siècle sont inadaptées. L’Amérique
va devoir chercher de nouveaux moyens d’assurer sa domination. Ben
Laden, légende vivante, puis morte, restera dans l’Histoire comme un
moment de transition.
Ben laden n’est pas mort
Mikhail Rostovsky
Moskovski Komsomolets
Que nous donne la mort de Ben Laden, au-delà de la satisfaction morale ?
Les débats sur les conséquences de cette mort portent en fait sur la
vielle querelle du rôle de l’homme dans l’Histoire. Ben Laden a su faire
du djihadisme mondial un modèle international. Il est moins
l’organisateur de la terreur que son idéologue et inspirateur. Il
continuera à tuer longtemps après sa mort. Il est devenu le symbole de
ceux qui ont la vocation du martyre. Le ben-ladisme vivra et vaincra
tant que n’apparaîtra pas un anti-Ben Laden, un leader spirituel qui
pourra apporter une réponse moins sanguinaire aux questions de jeunes
gens qui se sentent laissés pour compte.
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