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Manuel Nunez-Yanowsky est le fils d'un officier de marine espagnol parti à la fin des années 1930 pour la Russie, où il se maria à une Russe. Le destin a voulu que le futur architecte voit le jour à Samarkand, avant de grandir et d'étudier à Odessa. Son père, qui avait combattu contre Franco avant de servir dans l'Armée rouge, fut arrêté après la guerre et passa sept ans dans les camps à Vorkouta. Après salibération, sa familledécidade partir pour l'Espagne. ManuelNunez-Yanowsky s'est ensuite installé en France. Aujourd'hui, c'est l'undesarchitectes européens les plus en vue. Il travailledans différents paysdu Vieux Monde. L'architecte a évoquéson dernierprojet avec l'Observateur russe.
— Quelle est le point de départ du projet ?
— Une église est avant tout un lieu de rencontreavecDieu. Sahauteurest de 27mètres, et elle est dominéeparunecroix, quipeut être considérée commeuneantenneversDieu. Notretempleest enpierreblanche. Leclocher sera pourvu d'énormes clochespesantdeux à troistonnes. Elles seront fonduesenRussie. Lapierreblanche viendra elle aussi de Russie. Nousdevonsencorerésoudre leproblèmedes eaux souterraines, car laSeine est proche, mais il reste encore un an avant saconstruction.
— Vous avez comparé l'église orthodoxe à une soucoupe volante qui se serait soudain posée sur une piste d'atterrissage à Paris.
— Nous avons décidé de réaliser un jardin autour de l'église, qui est dédiée à la Trinité. Le jardin est justement cette piste d'atterrissage, l'élément clé du projet. Il ressemblera beaucoup au jardin de Giverny, en banlieue parisienne, où vécu Claude Monet. Notre jardin, à la différence des jardins français géométriques, sera très romantique.
— Actuellement, trois bâtiments de Météo France se trouvent sur le site du futur centre culturel et religieux. Qu'adviendra-t-il de ces édifices ?
— Nous détruironsle premier bâtiment,le plus prochedelaSeine. Le second seradémantelé partiellementettransformé enterrasse, et letroisièmesera conservé.Le jardins'étend à partir du bas, autourde l'église, et s'élèveensuitepar terrassesjusqu'au toitdu dernierbâtiment.
— Comment vous est venue l'idée de la structure de verre recouvrant l'église ?
— Elle est liée à l'Intercession de la Sainte Vierge. Nous avons beaucoup parlé de ce thème avec des prêtres russes, notamment à Serguev-Possad. La couverture de verre sera auto-lavante, grâce à une fine pellicule d'eau d'un-demi millimètre. Sur la façade nous installerons des capteurs transformant l'énergie du soleil en électricité. Le facteur écologique est crucial, tout comme les hautes technologies, les deux étant interconnectées.
— Comment a commencé votre collaboration avec l'équipe d'architectes russes ?
— Ils m'ont contacté. Je leur ai dit: « Les gars, faites-voir ce que vous savez faire ? Et si votre projet me plaît, on pourra travailler ensemble. Tope-là, etc'estparti ! » Le temps était compté. Ils m'ont envoyé un projet, et j'y ai inséré mes propres propositions. Il ne fallait surtout pas choquer les Français qui ne voulaient pas voir une citadelle russe sur la rive de la Seine ! (rire)
— Pourtant, le projet n'a pas fait l'unanimité. Certains y étaient même très hostiles.
— Bien sûr, il y a eu des attaques très désagréables, personnelles mêmes, à mon endroit. D'où il sort ce Nunez, cet ancien communiste espagnol ? Mais je vous rappelle que l'Eglise orthodoxe russe s'est elle-même exprimée : elle souhaitait que l'église corresponde aux canons de l'époque roubliovienne.
— Vous avez trouvé le moyen d'entrer au parti communiste espagnol après que votre père soit passé par les camps soviétiques.
— Les communistesespagnolsde l'ancienne générationsont des gensmerveilleux. Ilsse sont battus, puisont été enfermés dansles campset les prisonsde Franco. D'ailleurs, c'est à peu près la même histoire que monpèrem'a racontéau sujet deVorkouta, où se trouvaient, parmiles communistesrusses, des gensmerveilleux,du plus haut niveau. La génération suivante decommunistesespagnols–dont fait partiele célèbrearchitecteRicardoBofill, avecquinous avonstravaillépendant de nombreuses années–étaient des fils de bonne famille. Ilsont combattule franquisme et coopéréavec le Particommuniste, qui, dansces années-là,était laseule forcedeRésistance. J'aiintégrésesrangs, car ilconstituait leseul moyende changerl'Espagne.
— Votre bureau parisien comporte une sculpture de Salvador Dali que vous avez bien connu.
— Quand ila découvertque j'étais à moitiérusse, le maître a ditqu'ilm'appellerait « coccinelle », en russe.Ce sontles seuls mots que lui avait appris sa femme, Gala.
Pour lire l'interview en version originale, cliquez sur
http://rusoch.fr/rus/russkie-kolokola-na-beregax-seny.html#more-5437
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