Moscou a célébré le 1er mai

Photo : Reuters/Vostock photo

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Le 1er mai, fête du travail et du printemps, a rassemblé cette année tous les partis politiques. Dans les rues de Moscou, les manifestants ont défilé sans heurt, aux côtés du parti présidentiel Russie Unie, mais aussi des communistes, des nationalistes, des homosexuels, des Kurdes et même de quelques ratons laveurs. En revanche à Saint-Pétersbourg, les autorités ont arrêté 40 manifestants.

Les activistes de Russie Unie et les membres du syndicat proche du pouvoir sont les premiers à s’être rassemblés pour célébrer le 1er mai. Ils étaient tous au rendez-vous, station Belorusskaya, à 8 heure du matin. Disciplinés, chacun attendait son tour pour recevoir T-shirt et casquette du parti, après quoi ils étaient prêts à rejoindre le défilé. Dans les premiers rangs on criait activement «Hourra!». Des éclats de voix dont les manifestants au centre et en fin de cortège, sans doute encore somnolants, ne se faisaient que rarement l’écho, scandant mollement: « Paix, Travail, Mai ». Les partisans de Russie Unie étaient munis de banderoles aux slogans évocateurs: « Tu as travaillé en Russie? Alors investi en Russie ! », ou encore « A bas la corruption et la pauvreté ». Au milieu, un drapeau du club de football local flottait dans la foule. Au total, près de 20.000 personnes ont participé au défilé organisé par le parti présidentiel.  

 

Les communistes ont célèbré le 1er mai avec le traditionnel défilé depuis la Place Kalouga, où s’élève la statue de Lénine, jusqu’à la Place Teatralnaya, sous la statue de Marx. Plusieurs Kurdes syriens venus manifester ont quelque peu créé l’étonnement. Agitant leur drapeau national, ils ont exigé en arabe la démission du gouvernement syrien et du président Bachar Al-Assad. « Malheureusement, il est absolument impossible de recevoir l’autorisation des autorités pour mener des actions de protestations distinctes, devant l’ambassade de Syrie », a déploré le président de la communauté kurde en Russie, Moustapha Sino. Les syriens n’ont quant à eux pas participé au défilé.

 

Ce 1er mai, toutes les forces de gauche étaient représentées par le leader du Parti communiste russe (KPRF) Guennadi Ziouganov. Vêtu de rouge, un bouquet d’oeillets à la main, il était suivi par près de 5.000 personnes, qui chantaient et scandaient les slogans les plus divers. Les représentants du syndicat russe pour les migrants demandaient l’égalité de traitement pour tous les travailleurs, les membres du Parti Pirate plaidaient pour la libre circulation de l’information, et les activistes de l’Union de la lutte pour la sobriété du peuple russe mettaient en garde sur les méfaits de l’alcool et du tabagisme. Seuls les homosexuels ne semblaient pas les bienvenus: le secrétaire de la Jeunesse communiste Ilia Sidorenko a tenté d’arracher les drapeaux arc-en-ciel des mains des manifestants. Il a finalement été arrêté par la police. Les anarchistes et les antifascistes fermaient la marche du cortège.

 

Cette année, Moscou a également inauguré sa première « Monstration » (du russe « demonstratsia » qui signifie manifestation), un défilé artistique apolitique inventé par le jeune artiste russe Artemon Lockustov. Près de 200 personnes ont descendue le boulevard Rojdestvensky, déguisés en vampires, momies et ratons laveurs. Chaque manifestant brandissait une pancarte au contenu absurde, « Halte aux mains hors du corps », « Demain sera meilleur qu’hier », ou « Andreï, tu t’émerveilles ». En tête de cortège, les «monstrants» annonçaient la couleur, à l’aide d’une bannière géante : « Tu ferais mieux de travailler ». Mais difficile de rester à l’écart de la politique. Vampires et autres ratons laveurs auraient-ils commis quelques fausses notes en dénoncant: « Nous voulons une autre météo », ou « Système, pourquoi es-tu donc si nerveux ? ».

 

Au milieu de la journée, a débuté le défilé des nationalistes, sous le slogan de «Paix, Travail, Mai: travailleur étranger, dégage». Les membres du mouvement nationaliste «Russki Obraz» ont manifesté avec une banderole «Twitter ment», en référence au blog du président Dmitri Medvedev. Les autres slogans étaient plus directs. Les manifestants se sont ainsi arrêtés près du centre commercial et ont crié durant plusieurs minutes à l’adresse des travailleurs de rue en costumes oranges: « Allez, cassez-vous d’ici ! Moscou aux Moscovites! ». La police n’a pas réagi.

 

Sur la Place Bolotnoï, un concours de banderoles attendait les manifestants. Celles-ci étaient principalement dédiées à Vladimir Poutine et au parti Russie Unie. Une pancarte représentait M. Poutine dans son cabinet, avec une inscription : « Je ne lâcherai rien ! ». Au coin de la rue, un homme avec un masque du Premier ministre ouvrait un restaurant imaginaire, « Les promesses de Poutine ». Au menu, soupe « La Russie, leader de l’économie mondiale » et hors d’oeuvres « Terroristes butés dans les chiottes ».

 

A Saint-Pétersbourg, quasiment toutes les forces politiques ont été autorisées à défiler ensemble sur la Nevski Prospekt. La condition? Un accord plus ou moins tacite sur le non-emploi de slogans « à caractère extrémistes », appelant notamment à un changement de régime local. L’opposition a cependant dérogé à la règle, déployant une inscription géante : « Matvienko, démission ! ». Lorsque l’hélicoptère de la police est arrivé au dessus de nos têtes, les manifestants se sont mis à crier : « Hélico, emmène Matvienko ». La police a arrêté quarante manifestants anarchistes et antifascistes qui tentaient de s’immiscer dans les rangs des nationalistes.

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