Qui organise la terreur au Bélarus ?

Crédits photo : REUTERS/BelTA/Handout/Andrei Stasevich

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Un attentat dans le métro de Minsk a fait 12 morts et 150 blessés le 11 avril. L’énigme s’épaissit autour des commanditaires et de leurs motifs, alors que les autorités affirment avoir découvert les exécutants.
Frères de sang
Egor Maïkine, Moskovskiï Komsomolets


Le mythe du « paradis socialiste » calme et sécurisé s’est définitivement écroulé. Après ce terrible épisode, quelque chose doit immanquablement changer au Bélarus. Le premier à avoir désigné les coupables potentiels est le Président Loukachenko lui-même. « Nous avons reçu ce ‘‘cadeau’’ de l’extérieur » , a-t-il déclaré, sans préciser d’où vient l’agression. La géographie est vaste, de Moscou à Washington. Une autre version, celle de l’attentat organisé par l’opposition biélorusse, est peu crédible. Presque tous ses leaders sont en assignation à résidence ou en détention provisoire. Surtout, elle [...] n’abrite pas d’extrémistes ni de chefs de bande. Ses responsables ne sont pas prêts à tout, même pour le pouvoir.

La guerre des médias

Éditorial, gazeta.ru



L’une des conséquences de l’attentat de Minsk est la « guerre médiatique » que les autorités sont prêtes à mener par la propagande et la répression. Le régime de Loukachenko a utilisé une méthode administrative éprouvée pour régler la situation : il a menacé les médias et commencé à interpeller les « colporteurs de rumeurs provocatrices dans les réseaux sociaux et les forums en ligne » . Cette solution simple aurait pu fonctionner dans les années de stabilité, quand les rumeurs s’éteignaient d’elles-mêmes. Mais la transparence est telle aujourd’hui que la dissimulation d’une information n’est possible qu’accompagnée de mesures policières violentes, que le régime biélorusse, malgré son autoritarisme, n’a pas utilisées à ce jour.

Tour de vis
Konstantin Eggert, Kommersant

La veille de l’explosion, les Biélorusses prenaient d’assaut les bureaux de change dans l’attente d’une dévaluation du rouble local et d’une crise économique inévitable. Ajoutez à cela la fuite réussie en Occident de certains opposants politiques et l’isolation croissante d’un régime dont même Moscou ne veut plus entendre parler. Les révolutions arabes n’ont pas arrangé les affaires de Loukachenko : elles ont rappelé qu’il existe une dernière dictature en Europe. Lentement mais sûrement, le président tombe en disgrâce. Mais le terrible attentat détourne l’attention des problèmes économiques et lui donne l’occasion d’accuser l’opposition et les journalistes indépendants, procéder à des arrestations et introduire la censure sur Internet.

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