Crédits photo : Olga Dmitrienko
Aujourd’hui, tout le monde peut filmer son propre récit de voyage. Il suffit de se munir d’une caméra numérique, de maîtriser un logiciel de montage basique, et surtout, de prendre le temps de voyager. Une activité qui a désormais le vent en poupe.
Oscillant entre reportage journalistique et film d’auteur, cette nouvelle forme de cinéma amateur se différencie par sa subjectivité et l’absence de scénario. Le voyageur et cinématographe en herbe filme ses péripéties et ses rencontres, improvise des interviews. Libre d’aborder les plus vastes sujets, il n’est pas lié à un contrat, ni assujetti à un thème en particulier.
« Le travel film ne montre pas des lieux touristiques à visiter. Il est simplement le témoignage des diverses situations auxquelles est confronté l’auteur et héros du film. Ce genre, encore nouveau dans le cinéma russe, est très intéressant », raconte Vladimir Sharlaev, auteur d’un essai cinématographique sur son voyage en auto-stop, de Saint-Pétersbourg à Magadan.
« La plus grande difficulté n’est pas de filmer, mais d’assurer un destin à ces récits de voyages », explique Alexandre Nossovski, auteur d’un film sur son voyage en Inde. « Et le meilleur moyen de le projeter, c’est encore de participer à un festival thématique ».
Un tel festival existe à Moscou : le Travel Highschool. Grande première en Russie, le festival a accueilli pendant quatre jours (du 24 au 27 mars 2011) quelques 4 000 visiteurs.
Parmi les invités de marque, François Picard, un journaliste français et grand voyageur, organisateur du Festival Culture-Aventure de Paris, dédié aux récits de voyages. Entretien.
– François, vos récits de voyages sont-ils populaires en France ?
– Oui, surtout ces dernières années depuis que la télévision et internet sont devenus plus accessibles. Mais c’est seulement lors de festivals que l’on peut rencontrer les auteurs, et voir des films qu’on ne montrera jamais à la télévision. Car pour la plupart, le meilleur moyen de présenter son œuvre est de participer à un festival. En France, on en compte quelques uns, organisés dans plusieurs régions grâce à des fonds publics. Dans la capitale, la location d’un lieu coûte trop cher, ce qui explique pourquoi un tel festival n’existait pas avant Culture-Aventure.
– Quels sont vos critères de sélection pour les futures projections de Culture-Aventure ?
– Il est primordial que le film soit consacré à des lieux et des rencontres avec les gens. Et il faut aussi discuter avec le héros du film : de quoi il rêve-t-il, quels sont ses projets pour l’avenir, que pense-t-il de son pays, comment perçoit-il le monde. Dans d’autres festivals, le choix se fait différemment. L’auteur parle seulement de sujets qui le marquent : les problèmes de transports, l’absence d’hôtels… Ma conviction, c’est qu’au Festival Culture-Aventure, les spectateurs assistent non seulement aux aventures de l’auteur et à ses déboires, mais aussi qu’ils accèdent à la culture d’un autre pays, à un autre peuple.
– Comment voyez-vous l’avenir des travel films en Russie ?
– J’espère qu’ils vont continuer à se développer. C’est une bonne chose que les Russes voyagent plus, et au-delà des frontières de l’espace postsoviétique. Durant mes voyages, j’ai rencontré des Américains, des Européens, des Asiatiques, mais pas de Russes. Mis à part dans un petit village reculé du Brésil, où j’ai rencontré deux Russes blancs, installés là-bas depuis leur émigration à l’arrivée du pouvoir soviétique.
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