Aéronautique : Medvedev met la main au portefeuille

Crédits photo : Itar-TASS

Crédits photo : Itar-TASS

Dans un pays de plus de 17 millions de km2, la question des transports, en particulier du transport aérien, est primordiale. Le président Dmitri Medvedev a annoncé vouloir en faire une nouvelle priorité

Le président Dmitri Medvedev a promis vendredi 1er avril de constituer la plus importante enveloppe gouvernementale jamais destinée à l'industrie aéronautique depuis la chute de l'Union soviétique, avant d'appeler les entreprises russes aéronautiques « à travailler plus, au lieu de quémander ».  Medvedev a exprimé ces réflexions contradictoires alors qu’il s'en prenait à l'état du transport aérien russe, et appelait à une modernisation en profondeur de l'industrie aéronautique.

 

 

Investissement sans précédent


« Afin de remédier à la situation, le plan est d'octroyer au secteur aéronautique, d'ici 2020, plus de 5.000 milliards de roubles (124 milliards d'euros) puisés dans le budget, soit dix fois plus qu'au cours de la dernière décennie », a déclaré le président lors d'une réunion élargie du Conseil de sécurité, selon des propos cités sur le site web du Kremlin.

« L'enveloppe comprendra 470 milliards de roubles (11,6 milliard d'euros) destinés à la modernisation des aéroports civils de Russie, jugés désuets, et à la création d’un système de contrôle unifié du trafic aérien », a déclaré M. Medvedev.

« Les projets débuteront cette année avec des travaux dans les aéroports de Moscou, Sotchi, Vladivostok, Kazan et dans les îles Kouriles », a encore annoncé le président.

Le chef de l'Etat a, en outre, proposé la création d'une compagnie aérienne contrôlée par l'Etat afin de desservir des lignes « socialement importantes » mais non rentables économiquement, et par conséquent négligées par les compagnies commerciales, afin que les gens n'aient pas à « voler de Krasnoïarsk à Novossibirsk (toutes deux en Sibérie, ndlr) en passant par Moscou ».

Medvedev a estimé que 40% des aéroports civils étaient devenus inutilisables au cours de la dernière décennie. « Pour nous, le transport aérien n'est pas un luxe, comme il peut l'être dans certains pays européens où l’on peut se rendre d’un point à un autre plus rapidement en voiture qu'en avion ; c'est un besoin urgent », a-t-il déclaré.

 

 

Plus de coucous pour le Kremlin


L'investissement tant attendu n'a pas été annoncé sans une pique cinglante contre l'industrie aéronautique et la qualité des appareils russes. « Nous n'avons produit que sept avions commerciaux en 2010. C'est un chiffre vraiment médiocre », a déclaré M. Medvedev vendredi au Conseil de sécurité.

Le président a appelé les compagnies aériennes russes à acheter des appareils produits en Russie, mais a indiqué que ces dernières n'étaient pas tenues d'acheter de « vieux coucous ». Il a averti les constructeurs aériens qu’ils ne pourraient pas s'attendre à écouler leurs produits s'ils n'étaient pas en mesure de rivaliser avec les modèles occidentaux en termes de prix et de qualité.

« Les appareils russes ne devraient pas être inférieurs en termes de pollution sonore, de consommation de carburant ou d'autonomie, sans parler d'avionique », a déclaré Medvedev. « Malheureusement, même notre nouvel appareil a des problèmes dans ces domaines, je l'ai récemment appris à mes dépends ».

Le chef de l'Etat ne l'a pas lui-même précisé, mais les agences de presse russes ont rapporté vendredi qu'un Tupolev présidentiel Tu-214 avait été déclaré inapte au service et renvoyé au constructeur après des problèmes répétés sur son  train d'atterrissage. Interfax a, de plus, rapporté que le Kremlin avait récemment acquis un Falcon de fabrication française et commandé deux Airbus A319. Si la nouvelle est confirmée, elle serait en conformité avec les tendances mondiales du marché. Les ventes de Tupolev et d’Iliouchine se sont effondrées à mesure que les compagnies aériennes optaient pour des modèles Airbus et Boeing, plus récents et plus fiables.

 

 

L’ « Airbus russe » en retard


Prenant acte de son incapacité à  lutter contre la supériorité de Boeing et Airbus sur le marché des appareils civils long-courriers, la Russie a replacé ses espoirs sur le Sukhoi Superjet 100, un moyen-courrier bimoteur capable de transporter 98 passagers. Sukhoi espère ainsi concurrencer, sur le marché de l'aviation régionale, le canadien Bombardier et le brésilien Embraer.

L'appareil a obtenu des avis favorables suite aux tests des pilotes, mais les retards dans la production minent le projet. Les premiers Superjets d'Aeroflot seront mis en service sur la ligne Moscou - Nijni-Novgorod le 15 mai, soit trois ans après la date prévue des premières livraisons.

En décembre dernier, la compagnie italienne Alitalia a rompu une commande de 500 millions de dollars avec Sukhoi, expliquant qu'elle ne pouvait plus attendre les Superjet. L'Italien s'est rabattu sur des avions régionaux Embraer.

Sukhoi Avions Civils prévoit de construire 14 Superjet 100 cette année, avant de passer à à 25 en 2012 pour finalement atteindre une production annuelle de 60 à 70 appareils par an. 

 

Article paru initialement dans The Moscow Times

Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.

Ce site utilise des cookies. Cliquez ici pour en savoir plus.

Accepter les cookies