Oulan-Oude, carrefour multi religieux en Sibérie

La capitale de la République de Bouriatie offre dans son architecture un singulier mix de soviétisme et de bouddhisme

La République de Bouriatie, située sur la rive orientale du Lac Baïkal, héberge une population où se mélangent des peuples russes et indigènes qui possèdent des cultures propres très riches. La capitale de la Bouriatie, Oulan-Oude, est située à environ 100 kilomètres au sud-est du lac Baïkal et compte près de 370.000 habitants. La ville tire son nom de la rivière Ouda, un affluent de la rivière Selenga, principale rivière se jetant depuis l'est dans le Lac Baïkal.

 

L'apparition de points de peuplement russes dans cette zone, connue comme « Transbaïkalie » ou plus généralement Daouria, remonte au milieu du XVIIe siècle, quand les cosaques et autres explorateurs cherchaient de nouvelles routes commerciales vers la Chine, et partaient en quête de fourrures luxueuses comme la zibeline. Au sein de ce vaste territoire, les rivières revêtaient une importance vitale en tant que moyen de transport. De ce fait, un fortin fut établi dans les années 1660 au confluent des rivières Ouda et Selenga. Initialement nommée Oudinskoié, la colonie fut convertie en centre administratif de la région de Transbaïkalie et en point stratégique sur la lucrative route commerciale reliant Irkoutsk à la frontière mongole.

 

L'activité économique croissante de la colonie mena à la construction, à la fin du XVIIIe siècle, de la cathédrale Odiguitrievski, avec ses façades décorées dans un style unique appelé « baroque sibérien ». La cathédrale est désormais le centre du diocèse florissant d'Oulan-Oude et de Bouriatie, créé en 2009 par le Saint-Synode de l'Église orthodoxe.

 

Vers les années 1780, la ville, rebaptisée Verkhneoudinsk (« Oudinsk supérieur »), possédait deux foires annuelles, à la fin de l'hiver et au milieu de l'été. Comme d'autres centres provinciaux sous le règne de Catherine la Grande, Verkhneoudinsk fut doté d'un plan urbain ordonné, approuvé en 1793. Bien que le plan fût modifié en 1839, de nombreux traits originels ont été conservés jusqu'à nos jours, comme d'importants bâtiments de marchands tels que le Tribunal marchand ou les allées commerciales, tous deux achevés durant la première moitié du XIXe siècle dans le style néoclassique.

 

Au XIXe siècle, plusieurs églises ainsi que les principaux bâtiments administratifs et commerciaux étaient construits en brique, notamment sur la Grand rue. Mais la plupart des marchands de Verkhneoudinsk construisaient leurs maisons en rondins, dotées ou non de revêtement en madrier et souvent décorés à l'aide de cadres de fenêtres sculptées. Par chance, un certain nombre de ces maisons robustes ont été conservées dans les quartiers du centre-ville. Un autre exemple de l'architecture en bois de la région peut-être apprécié dans le fascinant Musée ethnographique de Transbaïkalie, situé en périphérie d'Oulan-Oude.

 

La construction de la ligne ferroviaire transsibérienne, qui a atteint Verkhneoudinsk en 1899, a donné une impulsion majeure au développement local. Outre les églises, la ville est dotée d'une synagogue à l'image de sa communauté juive, petite mais dynamique. Pendant la guerre civile russe, Verkhneoudinsk fut en 1920 la capitale d'une éphémère république d'Extrême-Orient. Elle devint capitale de la République soviétique autonome bouriate-mongole en 1923, et en 1934, la ville fut rebaptisée Oulan-Oude (« Ouda la rouge »). En 1939, sa population atteignait presque 126.000 habitants.

 

Les principaux exemples d'architecture soviétique de la ville sont regroupés autour de la Place des soviets, construite à la fin des années 1920 au bout de la Grand rue, rebaptisée rue Lénine. Ces bâtiments s'étendent de l'austère Maison des Soviets (1929-1931), qui fut le siège de l'administration centrale de la république, jusqu'aux quartiers-généraux du Parti communiste régional, plus décoré(1939-1941). La Place des Soviets s’est vue dotée de sa particularité la plus étonnante à l'automne 1971, quand un monument à la gloire de Lénine y fut inauguré. Parmi les milliers de monuments à Lénine, celui-ci est l'un des rares qui peut prétendre à une certaine originalité. Les sculpteurs Iouri et Gueorgui Neroda ont choisi de créer une tête géante du leader soviétique, montée sur un piédestal face à la Maison des Soviets.

 

Le monument le plus significatif de l'après-guerre est le Théâtre Bouriate d'opéra et de ballet, situé près de la Place des Soviets. Avec sa combinaison de motifs bouriates et d'éléments décoratifs de l'époque stalinienne, le Théâtre d'opéra et de ballet représente le style fleuri qui vit le jour dans les républiques nationales au début des années 1950. Au dessus de l'entrée principale se trouve un groupe sculpté composé de chevaux cabrés avec deux cavaliers, un homme et une femme, qui représentent le peuple bouriate.

 

L'importance du Bouddhisme dans sa relation aux traditions culturelles locales est montrée avec brio dans l'excellent musée d'histoire de Bouriatie de la ville. Alors que le bouddhisme tibétain se diffuse au XVIIIème siècle parmi les Bouriates, des exemples précoces de monastères bouddhistes apparaissent dans cette région (« datsan », du mot tibétain « cour de rencontre »). Au milieu du XIXe siècle, 34 institutions de ce type existaient parmi les clans bouriates de Transbaïkalie.

 

Aujourd'hui, le centre bouddhiste le plus actif de Bouriatie est le datsan d'Ivolguinsk, situé à 20 km au sud d'Oulan-Oude sur la rivière Ivolga. Fondé en 1946 après la destruction ou la fermeture des communautés monastiques bouddhistes dans les années 1920 et 1930, le datsan d'Ivolguinsk applique les principes régionaux du bouddhisme dans la structure et la décoration de ses temples, autels et librairies. Le temple principal (tsokchen dugan) a été construit en brique à la fin des années 1940 et est doté d'une structure supérieure traditionnelle à plusieurs étages. Les autres bâtiments du monastère sont pour la plupart en bois peint de couleurs vives. Dans son enceinte sacrée, le rituel et l'art bouddhistes rencontrent l'époustouflant paysage de Bouriatie.

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