Île Atlasov. Photo : DR
Le thème des îles Kouriles ne cesse de résonner ces derniers mois, malgré même la terrible catastrophe qui a touché le Japon. A la base de ces échos sans fin, la réaction hostile des dirigeants nippons à la visite du président russe Dmitri Medvedev, puis du ministre de la Défense Anatoli Serdioukov sur les îles Kounachir et Itouroup. La diplomatie nippone avait même convoqué l'ambassadeur de Russie au Japon, et le directeur du département Europe-Amérique du pays lui avait déclaré que la visite du chef des armées sur ces îles avait provoqué une profonde déception. Le chef de la diplomatie de l'époque, Seiji Maehara, avait également déclaré : « Alors qu'on nous appelle à développer les relations russo-japonaises, cette visite nous a fait l'effet d'une douche froide ».
Le secrétaire général du gouvernement Yukio Edano a déclaré que les visites de hauts responsables russes dans ces îles se succédaient ces derniers temps. Sur ce point, il a parfaitement raison. Pour rappel, le président Dmitri Medvedev avait visité l'île de Kounachir en novembre 2010, à la suite à quoi le vice-premier ministre Igor Chouvalov, le vice-ministre de la Défense Dmitri Boulgakov et le ministre du Développement régional Viktor Bassarguine s'étaient eux aussi rendus dans les îles litigieuses. Tokyo avait perçu ces voyages comme des signes du renforcement de la volonté russe sur la question de l’appartenance de ces territoires. Le ministère russe des Affaires étrangères dément les affirmations des autorités japonaises.
Les séjours des hauts représentants russes sur ces îles, dit-on au ministère, sont liés à la nécessité de développer cette partie éloignée du pays. C'est d'ailleurs ce qu'avait déclaré Dmitri Medvedev lui-même. « Ces visites n'ont qu'un objectif : nous devons accorder de l'attention au développement des Kouriles », avait-il fait savoir.
La visite d'Anatoli Serdioukov est aussi bien liée au développement socio-économique des îles qu'à leur protection contre certaines « têtes brûlées » au Japon. C'est pourquoi le ministre avait promis de prendre en charge les problèmes sociaux des Kouriles, mais aussi de traiter des questions militaires et techniques.
Actuellement, les îles Kounachir et Itouroup hébergent une division militaire russe et deux régiments. Leur équipement est désuet, et conviendrait mieux, pour tout dire, à un musée de l'armement. Le ministre de la Défense a promis que cet armement serait prochainement remplacé. En outre, on sait que les deux porte-hélicoptères universels de classe Mistral achetés à la France seront affectés à la Flotte du Pacifique afin de défendre, en cas de besoin, les îles Kouriles.
On ignore jusqu'à présent quels armements seront déployés sur les îles Kouriles. Anatoli Serdioukov a déclaré que 3.500 hommes au maximum seraient basés à Itouroup et Kounachir. Il est clair que cette structure ne prévoit pas de complexes air-sol à longue portée S-300 et S-400, comme l'ont annoncé auparavant différents experts militaires.
Le président du Comité pour la défense et la sécurité du Conseil de la Fédération (chambre haute du parlement russe) Viktor Ozerov a tenu il y a quelques jours une conférence à destination des attachés militaires, de l'aviation et de la marine d'Etats étrangers accrédités à Moscou. A la question : « La Russie déploiera-t-elle sur les îles Kouriles ses systèmes de défense antiaérienne S-300 et S-400 ? », Viktor Ozerov a répondu d'un « non » ferme. « Ce n'est absolument pas nécessaire », a-t-il déclaré.
Il semblerait plutôt que les plans consistent à moderniser la piste d'atterrissage, afin qu'elle puisse en cas de besoin accueillir des chasseurs et des hélicoptères. Et bien sûr, l'Etat s'occupera de l'infrastructure sociale des villes de garnison, en créant des conditions de vie dignes pour les familles des officiers. Actuellement, de telles conditions n’existent pas, et leur absence cruelle stimule l’invention de nouvelles blagues de la part des officiers en poste dans les Kouriles : « Merci au gouvernement japonais d'avoir, à dessein ou non, attiré l'attention du gouvernement russe sur notre vie et nos conditions de service ».
Concernant l'émotion de certains hommes politiques nippons suite aux visites de fonctionnaires russes sur les Kouriles, il faut l'aborder calmement, comme le changement du temps, comme on dit dans les régions d’Extrême-Orient. On ne se vexe pas quand la nature vous envoie une ondée froide au lieu du soleil : il faut simplement garder un parapluie avec soi, au cas où.
La présence de régiments militaires russes sur ces îles joue dans une certaine mesure le rôle de « parapluie », et vise à rappeler qui est le propriétaire des quatre îles Kouriles méridionales.
Le Japon revendique les quatre îles les plus méridionales de l'archipel des Kouriles : Itouroup, Kounachir, Shikotan et Habomai, s'en référant à un Traité commercial et frontalier de 1855. Moscou affirme que les Kouriles ont été intégrées à l'URSS (dont le successeur en droit est la Russie) au terme de la Seconde Guerre mondiale, et que la souveraineté russe sur ces îles ne fait aucun doute.
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