Christian Benedetti revisite « La Mouette » de Tchekhov

Crédits photo : Théâtre-Studio d’Alfortville

Crédits photo : Théâtre-Studio d’Alfortville

Près de trente ans après avoir mis en scène « La Mouette », Christian Benedetti revient sur l’œuvre majeure de Tchekhov, en privilégiant la dimension textuelle et le jeu des acteurs. Dans la lignée de Meyerhold, il tente de bousculer les conventions théâtrales au profit de la contemporanéité.

Mettre en scène Tchekhov, c’est épouser les questionnements de l’auteur, retrouver une parole qui porte une pensée. Dans « La Mouette », le metteur en scène et acteur marseillais Christian Benedetti explore la problématique du contemporain, de l’utilité de l’art, du temps et de la mort.

Comme le héros de « La Mouette » Treplev, Christian Benedetti cherche « de nouvelles formes ». Sur la scène, pas de rideaux, de coulisses ou d’espace vide, mais une intimité confinée avec le public. Le metteur en scène brise les codes scéniques et dramaturgiques en supprimant toute frontière entre acteurs et spectateurs. Aux décors et costumes excessifs, il privilégie le rythme et les personnages de la pièce.

Pour lui, l’imaginaire du spectateur est suffisant, et la scénographie doit être juste allusive, indicative. Rien ne doit être laissé au hasard. Et si la traduction a été revisitée et le langage actualisé, c’est pour faire revivre Tchékhov à travers toute sa modernité.

Un parti pris exigeant


 Crédits photo : Théâtre-Studio d’Alfortville

La mise en scène se veut entièrement fidèle au texte, jusque dans les moindres détails. Chaque temps y est soigneusement respecté, interprété par de longues pauses où les personnages se figent, laissant place au questionnement. Pas de temps d’arrêt, en revanche, entre les sorties et entrées des personnages. Ainsi Tchekhov a-t-il conçu sa pièce : exit les scènes successives, place au déroulement par mouvements ou tableaux, par actes.

«  Mon obsession, c’est représenter le sens de l’auteur. Pour moi, le sens de ces pauses, c’est la persistance rétinienne et acoustique. Des moments où Tchekhov nous propose un dialogue formidable », explique Christian Benedetti.

Certes, la première partie de la pièce prend un air badin. On y fait preuve d’humour et d’inventivité. Et puis l’atmosphère s’alourdit, la tension dramatique s’intensifie crescendo. L’humour léger se transforme en ironie sauvage. Plus que jamais, la pièce repose sur le jeu des acteurs.

Sur scène, chacun utilise son grain de folie pour conquérir le spectateur. Mais « finalement, le seul qui est vraiment contemporain, c’est Dorn », raconte Christian Benedetti. « Il est capable de prendre la réalité du temps qu’il traverse et de le mettre en perspective avec le passé et le futur ». Un casting minutieux, où Christian Benedetti interprète lui-même le personnage de Trigorine (l’homme de lettres). Le rôle de Nina est brillamment interprété par la jeune actrice roumaine Anamaria Marinca.

Amoureux et connaisseur de la culture russe, Christian Benedetti parle la langue et a déjà effectué plusieurs voyages en Russie. « J’ai une passion pour la littérature russe », confie-t-il, « c’est un pays que j’aime, avec toutes ses contradictions ». Il a côtoyé les plus grands artistes russes du XXème siècle, comme l’acteur et auteur Vladimir Vysotsky ou le cinéaste Andreï Tarkovski.

En 1980, à la sortie du Conservatoire auprès d’Antoine Vitez, Christian Benedetti monte une première fois « La Mouette » de Tchekhov. Aujourd’hui, c’est dans son propre théâtre qu’il revient avec cette pièce à l’exploration infinie.

Le spectacle « La Mouette » sera sur les planches du Théâtre-Studio d’Alfortville du 18 février au 2 avril 2011, tous les soirs sauf les dimanches et lundis.


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