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Dmitry Genkin, directeur général de la firme russe Pharmasynthez, qui a levé 12,5 millions d’euros lors d’une introduction en bourse en novembre dernier, explique que la Russie livre une bataille contre l’industrie pharmaceutique basée en Europe de l’Est, un héritage de l’époque soviétique : « À la chute de l’URSS, nous nous sommes retrouvés avec un fossé immense entre les sciences fondamentales et la science appliquée, comme la médecine » .
Les entreprises russes ont
longtemps attendu une aide de l’État, mais les dépenses actuelles
en Russie en matière de « recherche et développement »
sont largement en dessous des soutiens à la recherche et au
développement en Europe, note Genkin. « L’argent dépensé
par l’État russe, c’est de cacahuètes par rapport à ce qui est
alloué par la Commission européenne ou l’Institut national de la
santé américain » , dit-il.
Néanmoins, le marché
pharmaceutique russe croît deux fois plus vite que les marchés
américain et européen et il est déjà devenu un terrain de
concurrence clé pour les entreprises pharmacologiques dont les
ventes stagnent sur les marchés occidentaux depuis l’expiration
des brevets.
« Le marché pharmaceutique,
stimulé par les dépenses des consommateurs et de l’État, est en
passe de surpasser le Produit intérieur brut russe, tandis que les
segments régionaux offrent un potentiel de consolidation aux chaines
principales » , selon la maison de courtage russe Uralsib.
Les géants pharmaceutiques
occidentaux sont déterminés à ne pas se laisser intimider par les
barrières douanières et installent des bases de production en
Russie, afin de profiter du développement du marché local.
Peu avant Noël, le géant suisse
Novartis a annoncé qu’il allait investir 370 millions d’euros en
Russie dans les cinq années à venir, en construisant une usine à
Saint-Pétersbourg, afin de se concentrer sur la production locale et
les partenariats en matière de recherche et de développement avec
les compagnies russes. Le suédois Nycomed et le danois Novo Nordisk
ont également fait part de leurs projets d’installation en Russie,
tandis que le britannique GlaxoSmithKline a signé un contrat sur les
vaccins avec Binnopharm, basé à Moscou. Le géant français
Sanofi-Aventis a nommé, en janvier, une nouvelle équipe de gestion
des marchés émergents pour stimuler leurs parts de marché en
Russie, considérée comme l’un de leurs marchés clés.
Pendant de ce temps, les
entreprises russes sont également en train d’étudier les marchés
étrangers. Pharmasynthez prévoit d’utiliser une partie de ses
fonds d’introduction en bourse pour racheter des producteurs
pharmaceutiques en Europe, aux États-Unis et en Israël.
L’entreprise russe cherche des petites compagnies, profitables et
en développement, qui possèdent des installations de production,
précise Genkin.
En cherchant à promouvoir la
pharmacologie nationale, le Kremlin a ouvert un nouveau front de
diversification de l’économie russe. Les analystes voient d’un
bon œil ces initiatives de l’État en faveur d’un nouveau
secteur d’investissement. Pendant la dernière semaine de janvier,
la banque d’investissement Uralsib a inauguré une
ré-initialisation de la recherche dans le secteur pharmaceutique en
publiant un rapport intitulé « Ce que prescrivent les
médecins » .
« Les producteurs
pharmaceutiques russes ont une très bonne histoire locale, l’accès
à des niches défensives du marché, et des flux de trésorerie
puissants. Les sous-performances relatives du marché pharmaceutique
russe par rapport aux autres pays de la
BRIC (Brésil, Inde, Russie et Chie) sont compensées par les
marges importantes et le potentiel de consolidation des leaders du
marché » , conclut l’analyste d’Uralsib Tigran
Hovhannisyan dans cette note destinée aux investisseurs.
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