Opinion : Encore un attentat, et toujours les mêmes promesses creuses

A intervalles réguliers, les leaders russes promettent de débusquer et de punir les terroristes responsables des attentats. Mais, après chaque attaque, il apparaît que la sécurité n’est pas assurée. Quant au fond du problème, il reste laissé de côté

Après l’attentat de lundi, qui a fait 35 morts lundi dernier à l'aéroport Moscou-Domodedovo, le président russe Dmitri Medvedev a ordonné aux autorités de « traîner les coupables devant la justice et de détruire leurs organisations ». Après les attentats du métro de Moscou l'année dernière, Medvedev avait appelé à « continuer les opérations contre les terroristes sans hésitation, jusqu'au bout ». Medvedev cherche à imiter le ton viril de son mentor, le premier ministre Vladimir Poutine, qui avait promis en 1999 de « buter les terroristes jusque dans les chiottes », et avait récemment indiqué que c'était « une affaire d'honneur pour les services de sécurité de débusquer les terroristes dans les égouts pour les ramener sous la lumière de Dieu ». Des mots forts, qui n’ont eu que de faibles résultats.

Après l'attentat de l'aéroport, la police de Moscou a annoncé des mesures de sécurité supplémentaires. Mais dans la pratique, rien ne change. Peu après la déflagration, les passagers se trouvant à l'intérieur de Domodedovo, soucieux d’attraper leurs vols, enjambaient sans difficulté les scanners. Le détecteur de métaux situé à l’entrée de l’aéroport n’est qu’un simulacre de sécurité, car en réalité, il ne marche plus depuis environ six mois. Immédiatement après l'attentat, la sécurité était pire que jamais, selon les témoins. Les passagers en partance erraient dans le terminal des départs. Aucune branche de l'appareil de sécurité ne voulait endosser la responsabilité pour le laxisme des procédures à l'aéroport, même si d'anciens employés du service de sécurité de Domodedovo ont indiqué à Moscow News que les réductions d'abord de salaire, puis de personnel, ont diminué la capacité du service à assurer les contrôles adéquats.

Incapables ou peu désireux d'affronter les dures questions concernant les événements et leurs causes, les hommes politiques se réfugient dans une ligne rhétorique dure, et les attaques se poursuivent. En fait, dans le Caucase, les attentats sont quotidiens. La population musulmane des régions problématiques du Daghestan, de l'Ingouchie et de la Tchétchénie ne sait que trop bien ce que signifient les déclarations musclées de la classe politique. La corruption et la peur règnent dans le Caucase du Nord, où le pouvoir est pris dans un système clanique et népotique. Moscou envoie des sommes colossales pour maintenir le calme, mais l'argent n'arrive jamais jusqu'à la population appauvrie et sous-employée, disparaissant dans les poches des responsables régionaux. Alors que de nombreux citoyens ne peuvent s'offrir une voiture, la police de la route du Daghestan patrouille en Porsche Cayenne.

Les véritables terroristes sont libres, et c'est la population locale qui paye les pots cassés. Ces disparités ont causé une augmentation du soutien local au terroristes : quelques heures après les attentats de l'aéroport, des messages dans ce sens ont été postés sur des sites extrémistes. Dans tout le Caucase, les gens se sont détournés du Kremlin. La rumeur veut que les responsables de la sécurité fédérale contentent de détruire « symboliquement » des maisons au lieu de traquer les vrais terroristes. Après tout, si l’on trouve les terroristes, il se peut que Moscou soit tenté de réduire le budget destiné aux structures de sécurité...

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