Russie / Royaume-Uni : Je t’aime, moi non plus?

Katia Zatuliveter pendant ses années d'étude

Katia Zatuliveter pendant ses années d'étude

Les récents conflits par diplomates interposés qui ont opposé la Russie et le Royaume-Uni mettent un peu plus dans le flou les relations déjà ambigües entre les deux pays.

Le Royaume-Uni a renvoyé un diplomate de l'Ambassade de Russie à Londres. Un geste jugé » inamical « par le ministère des Affaires Etrangères russe qui a répliqué plus tard par un renvoi identique: " La partie britannique a entreprit ces jours-ci un geste inamical [...] Nous avons été contraints de répondre par une mesure appropriée « a déclaré le ministère concerné dans un communiqué.

Le motif de la première expulsion côté britannique serait lié à des soupçons d'espionnage. L'affaire fait en outre suite à celle de Katia Zatuliveter, une jeune femme d'origine russe, assistante du député libéral Mark Hancock et accusée elle-même d'espionnage par le MI5, l'agence de sécurité et de contre espionnage britannique. Le Royaume Uni serait-il en proie à une paranoïa de l'espionnage comme s'en moquent certains ?

Katia Zatuliveter clame son innocence et a fait appel de la procédure d'expulsion enclenchée. Le député quant à lui prend la défense de son employée : " Elle n'est pas une espionne russe […] Elle a fait appel parce qu'elle pense - à juste titre - qu'elle n'a rien fait de mal ". Concernant la demande de rappel d'un membre du personnel de  l'ambassade russe en Grande Bretagne adressée par le ministre des affaires étrangères britanniques William Hague, les raisons précises n'en ont pas été évoquées.

Les deux affaires provoquent un regain de tensions entre les deux pays dont les relations n'étaient déjà pas au beau fixe. En effet, si la Grande Bretagne est un partenaire économique de choix pour la Russie - cinquième investisseur étranger dans le pays en termes de volume d'investissement- il n'en va pas de même pour leur partenariat sur la scène internationale. Et ce malgré une volonté politique qui semblait aller dans le sens de l'ouverture d'une nouvelle page dans leurs relations diplomatiques, semblable à celle effectuée avec les Etats-Unis et qui avait été évoquée des deux côtés.

Mais de nombreux contentieux empêchent encore dans les faits de mener plus avant ce rapprochement, comme le dossier Litvinenko et le problème de l'extradition d'Andreï Lougovoï refusée par la Russie alors que la Grande Bretagne le considère comme principal suspect dans le meurtre de l'ancien agent du FSB à Londres en 2006. Cela, en plus de leurs bras de fer concernant les implantations en Russie du British Council, agence culturelle britannique parfois considérée comme le bras armé de la diplomatie du Royaume-Uni, et de la réaction virulente des autorités britanniques après l'intervention russe en Ossétie du Sud en 2008. Ces affaires d'espionnage ne sont donc qu'un rapport de force de plus, qui vient s’ajouter à ce passif déjà lourd.

Dans le même temps, une visite du ministre des affaires étrangères Sergei Lavrov a été planifiée pour début 2011 et le premier ministre britannique David Cameron est invité à rendre la politesse, d'après les déclarations d'Alexandre Sternik, chargé d'affaires de la Russie au Royaume-Uni. Une visite qui restera au plan du symbolique ou qui aidera à mettre à plat ces désaccords, en dépit de ceux qui « cherche[nt] à nuire « aux relations russo-britanniques, selon les propres mots de M. Lavrov ? Dans un contexte de rapprochement de la Russie avec non seulement les Etats-Unis mais aussi plusieurs pays de l'U.E, il se pourrait en effet que la diplomatie britannique ne prenne pas la décision de se démarquer encore plus sur ce point.

Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.

Ce site utilise des cookies. Cliquez ici pour en savoir plus.

Accepter les cookies