Crédits photo : Ria Novosti
Un groupe de travail mixte a été formé afin de déterminer les instruments encore absent des bourses russes. L’objectif étant de les transposer de France sur le terreau russe.
« Les places financières mondiales sont Londres, Hong-Kong et New York », a rappelé Christine Lagarde, ministre de l’Économie, dans son adresse inaugurale du premier forum économique franco-russe, « c’est pourquoi la Russie et la France doivent se soutenir ». Son homologue russe confirme : « En tant que leaders de marchés financiers régionaux, les deux pays, en s’unissant, pourraient devenir un joueur plus puissant ».
L’idée principale du groupe de travail consiste à unir l’expérience française au potentiel russe, en élaborant des standards uniques en matière de finances, synchronisant l’activité des marchés boursiers dans les deux pays, pour, en fin de compte, augmenter l’afflux des capitaux.
Les participants sont, coté français, l’organisme Paris Europlace, la banque d’investissements Lazard Frères et le groupe NYSE Euronext ; coté russe, le Comité des emprunts d’État de Moscou, le Service fédéral des marchés boursiers, la bourse MMVB et d’autres structures financières et affiliées.
Dans le cadre d’accords bilatéraux, les Français se sont engagés à envoyer leurs experts à Moscou afin que les deux parties élaborent, de concert, des normes légales uniques. Le directeur du Comité des emprunts, Sergeï Pakhomov, a expliqué qu’il faudra modifier au moins 50 actes législatifs afin que la bourse russe puisse fonctionner comme une institution internationale.
Néanmoins, on espère que le processus ne trainera pas trop en longueur. Comme l’a remarqué Pakhomov, les systèmes législatifs des deux pays présentent de nombreuses ressemblances, la France comme la Russie fonctionnent aux normes du droit continental.
Mais il ne suffit pas de jeter les fondations légales d’une activité, il est indispensable de générer l’activité en elle même. Il est prévu de transposer en Russie toute une série d’instruments financiers. Les Français se déclarent prêts à partager leur expérience dans les domaines qu’ils connaissent le mieux : l’émission d’obligations, la structuration du capital, y compris de créance. Le gouvernement russe compte aussi sur son partenaire pour former des spécialistes de la finance.
De leur coté, les Français bénéficient d’un accès aux bourses russes. « Pour ce qui est des matières premières, la bourse russe aura une capacité immense », assure Jean-Pierre Thomas, partenaire de Lazard Frères, « et ce sera pratique pour le voisin chinois, avec sa consommation croissante, de travailler à Moscou avec les matières premières ».
Un des effets positifs complémentaires devrait être l’autorité croissante de la bourse russe, ce qui pourrait ralentir la fuite des capitaux hors de Russie, espère le ministre Koudrine. Les 29 milliards de dollars qui ont quitté la Russie ces onze derniers mois, selon les données de la Banque centrale, n’ont pas été simplement déposés sur des comptes à l’étranger. Koudrine est convaincu que les Russes sont obligés d’exporter leur argent parce qu’ils manquent de possibilités d’investissement chez eux.
« L’augmentation des capacités du marché boursier russe devrait avoir un impact sur la devise nationale et permettre même au rouble de se hisser au rang des devises internationales », affirme Jean-Pierre Thomas.
Enfin, la coopération permettra à MMVB et NYSE de travailler sur un pied d’égalité et proposer à l’investisseur les mêmes services dans les deux pays. Ce qui veut dire que l’on pourra se passer de la médiation des agents américains. « La coopération des bourses permettra aux entreprises françaises et russes de travailler ensemble dans des pays tiers, comme Hong-Kong, par exemple », précise Jean Lemierre, conseiller auprès du président de BNP Paribas.
Il faut noter aussi que les Français ne sont pas les seuls à proposer leur aide à la Russie pour la création d’une place boursière mondiale. On sait depuis peu que les deux principales places russes, RTS et MMVB, sont en négociations avec la bourse allemande Deutsche Boerse. « Nous sommes liés par des relations anciennes et nous sommes effectivement en discussion avec nos collègues allemands », a expliqué le président de MMVB, Ruben Aganbegian.
« Il s’agit pour l’instant d’un échange d’expérience, et pas d’une fusion. Quand j’ai pris la direction de MMVB, j’ai été agréablement surpris par l’ouverture d’esprit de nos collègues étrangers, prêts à partager leur expérience y compris dans les sphères de développement des infrastructures, du travail avec les clients. Nous observons des synergies dans le développement de quelques directions stratégiquement cruciales pour nous, dont le management, la création d’un marché des produits dérivés, l’introduction de systèmes de compensation par contrepartie centrale et l’élaboration d’un dépositaire central ».
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